Après le lycée Jacques-Decour, on vous emmène découvrir un autre univers, celui de Jules-Ferry, boulevard de Clichy. Cette fois, ce sont deux sympathiques élèves qui assurent la visite guidée lors des Journées européennes du Patrimoine.
La visite débute par un point historique nous rappelant que le lycée pris place sur un ancien couvent de jeunes filles racheté par l’État, en vertu de la loi de 1904 supprimant les congrégations religieuses enseignantes.
Le nouvel établissement ouvre ses portes en octobre 1913 avec 327 élèves. L’endroit, mélange de styles Art nouveau et Art déco, lui vaut une inscription aux Monuments historiques en 2016.
On nous le présente comme une forteresse hermétique à l’extérieur. Un argument convaincant pour les familles bourgeoises, au moment de l’inscription de leurs filles, tant le quartier était mal famé à l’époque.
Plusieurs agrandissements, ajouts d’ailes et surélévations, vont se succéder à partir de la guerre de 14, afin de faire face à l’afflux des élèves, donnant à l’établissement sa forme actuelle en losange. Lycée élitiste, ce dernier s’ouvre progressivement, avec la gratuité des études mise en place en 1930, à des jeunes filles de classe moins aisées.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, 25 élèves de confession juive sont arrêtées puis déportées en juillet 1942 lors de la rafle du Vel’ d’Hiv. Une plaque commémorative a été apposée en leur mémoire en 2009.
Après mai 68, le port du pantalon est autorisé pour les filles, les garçons déjà admis en classes prépas littéraires, intégreront le collège à partir de 1975. Il faudra attendre 1980 pour une mixité au lycée. C’est dans cet établissement que fut d’ailleurs tourné en 1977 « Diabolo Menthe », le film de Diane Kurys, ancienne élève.
La grande cour équipée de terrains de basket est entourée de bâtiments de style Art nouveau.
Le hall d'accueil a peu changé depuis les débuts du lycée. Mosaïque et frises au mur dans un style typique Art nouveau.
La magnifique horloge est l'œuvre du ferronnier d'art hongrois Aldabert Szabo.
À chaque étage, la lumière afflue. L'accès se fait par des escaliers décorés de ferronnerie bien entretenue.
On aperçoit le gymnase construit sur un toit-terrasse en 1935.
Vue du beffroi sur la cour, les bâtiments scolaires et ceux du boulevard. On aperçoit l'enseigne du cinéma Pathé Wepler.
La collection scientifique du lycée (squelettes, animaux empaillés...) est conservée à l'abri sous vitrine.
Notre groupe fait une première pause dans le hall d’accueil majestueux avec ses frises peintes réalisées par Camille Boignard, sa mosaïque au sol, ses cartouches dorées rappelant les enseignements, ses portes et fenêtres généreuses, encadrées de bois.
De la vaste cour, autrefois plus petite – les élèves se dégourdissaient les jambes sur les toits-terrasses, aujourd’hui interdits d’accès – le regard se porte sur les bâtiments associant briques et ferronnerie. La présence de piliers porteurs en béton autorise alors de grandes ouvertures, pour des salles de classe lumineuses, suivant les principes hygiénistes en vigueur.
Dans le réfectoire, impossible de ne pas lever les yeux. La salle est coiffée d’une immense coupole de briques de verre et de ciment armé, qui en impose, laissant filtrer la lumière. Au cinquième étage, la grande horloge du beffroi, œuvre du ferronnier d’art hongrois Aldabert Szabo, surplombe la cour tandis que le gymnase, bâti sur un toit-terrasse en 1935, offre une magnifique vue sur les toits de Paris. Nous nous précipitons pour faire une photo.
Entre deux étages, retour au présent avec une expo, présentant le travail de la classe olympique sous l’impulsion de la professeur Jeanne Garnier. Saluons la belle performance sportive des élèves : le tour du Lac Léman à vélo avec une arrivée en fanfare au Musée Olympique à Lausanne.
La visite se termine par la salle des Sciences, avec sa collection historique d’instruments, de squelettes et crânes d’animaux, de flacons remplis de formol. Quelques expériences de physique plus tard – avec la machine de Wimshurst permettant d’illustrer de nombreux phénomènes électrostatiques, nous prenons la direction de la sortie, et nous retrouvons, hors de l’enceinte scolaire, plongés dans le tumulte du boulevard.
Frédérique Chapuis
L'ancienne salle polyvalente sert aujourd'hui de réfectoire. Elle est chapeautée d'un dôme de briques de verre et de ciment armé.