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Face au numéro 39 de l’avenue Trudaine, un élément du mobilier urbain attire l’œil. Qu’est-ce donc ? Une boîte à sable datant des années 1890 / 1900.

À cette époque, le sablage était utilisé contre la neige et le verglas qui rendaient les trottoirs et chaussées glissants durant l’hiver, mais aussi pour éponger l’urine des chevaux ; le crottin était quant à lui ramassé en permanence pour servir d’engrais. L’installation de lieux de stockage de sable sur les principales avenues de la capitale simplifiait la tâche des cantonniers de Paris, chargés de l’entretien des rues.

Sablage à Paris au début du 20ème siècle

Au sable, on va préférer le sel

On dénombrait une trentaine de ces boîtes au début du 20ème siècle. Mais si le sable était efficace pour lutter contre le verglas, il avait la fâcheuse habitude d’engorger les égouts, et fut progressivement abandonné au profit du sel. C’est ainsi que les boîtes à sable disparurent du paysage parisien.

Cinq d’entre elles ont survécu à la modernité et sont localisées avenue Trudaine, avenue Gabriel, avenue de Saxe, avenue de Friedland et place de la reine Astrid.

Il est dit que certaines auraient servi au cours du 20ème siècle de système d’aération pour des installations en sous-sol de la Ville de Paris.

Boîte à sable de l'avenue Trudaine
Boîte à sable capot ouvert

Un élément frappé aux insignes de Paris

Détail d'une ancienne boîte à sable parisienne
Sur le côté de la boîte à sable, les inscriptions VP pour ville de Paris.

L’édicule en fonte est chapeauté d’un couvercle grillagé. Une fois ouvert, les cantonniers y déversaient les kilos de sable nécessaires au stockage.
Il suffisait, au moment des grands froids, d’ouvrir 
la double-porte à la base pour déverser le sable et le répandre à coups de pelletées sur les chaussées et trottoirs.

Sur la face avant de la boîte à sable, on retrouve le blason de la ville de Paris, un bateau à voiles voguant sur la Seine, dans un entrecroisement de branches de laurier et de chêne, surmonté de la devise : « Fluctuat Nec Mergitur » (Il est battu par les flots, mais ne sombre pas).

Sur chaque côté, les initiales « VP » pour Ville de Paris sont gravées dans la fonte.

Un mobilier urbain iconique

Une fois le travail terminé, les cantonniers n’avaient qu’à traverser l’avenue pour ranger leurs pelles, balais et brouettes à l’intérieur de la colonne Morris, qui servait surtout à afficher les programmations théâtrales.

Ils prenaient ensuite un peu de repos en fumant une sèche sur un des bancs de l’avenue. Banc public imaginé par Gabriel Davioud – architecte favori du baron Haussmann, à qui l’on doit également les kiosques à journaux de l’époque. Son look est resté immuable : un piètement en fonte gris, et une assise double en chêne qui peut accueillir jusqu’à six personnes. Le bois est peint d’une couleur vert bouteille caractéristique du mobilier parisien (à l’image des colonnes Morris, des fontaines Wallace… et à l’origine, des boîtes à sable).

Vue de l'avenue Trudaine avec une colonne Morris à gauche.
Un banc type Davioud, du nom de l'architecte qui dessina sa ligne, avenue Trudaine

La boîte à sable, modeste vestige du Paris d’autrefois, mérite notre intérêt et celui des services de la Ville de Paris.