Elle nous trouve joyeux, cool, pas stressés, toujours en vacances et bons vivants. Est-ce pour ces bonnes raisons que Jiwon Kang, née à Séoul, décidait, après son année parisienne dédiée à l’apprentissage de notre langue, de rester en France ? « La Corée est un pays où l’on travaille beaucoup et où la compétition règne dès l’école primaire » résume-t-elle.
C’était il y a neuf ans. Depuis, la jeune femme a fait du chemin. Ses efforts se concrétisaient fin 2024 avec l’ouverture de sa boutique de fleurs et d’atelier floral rue Rodier.
L’ancien salon de massage fermé depuis belle lurette fut donc investi par Kkot, qui veut dire fleur en coréen.
Après quelques déboires avec l’entrepreneur de travaux, essuyé un dégât des eaux le jour de l’inauguration, Jiwon a trouvé son rythme.
Seule à faire tourner la boutique, la jeune femme se rend à Rungis deux à trois fois par semaine. Levée tôt, arrivée dès l’ouverture, « pour avoir du choix et la meilleur qualité de fleurs, principalement française », la fleuriste qui ne compte pas ses heures, s’épanouit au contact de la clientèle qui séduite revient, à la recherche d’un bouquet qu’elle ne trouvera pas ailleurs.

Jiwon a souhaité un lieu à son image, qu’elle a entièrement pensé et dessiné.
C’est chic, zen, délicat et harmonieux : murs crème, égaillés de quelques céramiques posées dans des niches, et une grande table en bois pour réaliser bouquets et compositions florales.
En cette période de l’année, les pavots aux couleurs variées, les jacinthes, iris et autres scabieuses pourpres aux tiges élancées, savamment présentées, happent le regard du passant. La fleuriste en fera des bouquets très graphiques ou plus champêtres, associant technique française et coréenne.

Pour en arriver là, l’ancienne designeuse en mobilier entamait une reconversion professionnelle en passant son CAP puis son BEP à l’École Nationale des Fleuristes, basée dans le 19e. Elle connaît quelques expériences malheureuses, d’autres plus épanouissantes et termine son apprentissage chez Thalie Rive gauche, une belle opportunité qui lui permit d’exercer ses talents pour de grandes maisons de luxe.

Souhaitant développer son activité d’art floral, Jiwon a mis en place de nombreuses propositions adaptées à tous les publics, des débutants « qui n’ont jamais touché de fleurs » comme aux plus confirmés, qu’elle décline en cours à la journée, pour maîtriser un centre de table par exemple ou proposées sous la forme d’ateliers pour une activité loisirs et créative.
En s’inscrivant à un programme dispensé en cinq séances, les élèves, en petit groupe, approchent ainsi plusieurs techniques : le bouquet champêtre, la composition en vase, la couronne florale…
Même les enfants ne sont pas oubliés. Ces derniers repartiront avec un nid fleuri ou un mini gâteau floral.

Frédérique Chapuis