Skip to main content

Figure de la mode et photographe de renom, Maurice Renoma investit le siège parisien de l'école ESMOD pour une exposition joyeuse, colorée et transgressive, reflet de 60 ans de création.

Détail de l'exposition Maurice Renoma avec des archives, photos et vêtements détournés

Tout l'univers artistique de Maurice Renoma se déploie au sein de l'atrium de l'école ESMOD.

Détail de l'exposition de Maurice Renoma dans l'atrium de l'école de mode Esmod

Avec de multiples références aux personnalités qui ont porté la marque de prêt-à-porter.

@Maurice Renoma

© Maurice RENOMA

Maurice Renoma au volant de sa TR3 devant la boutique familiale, 22 rue Notre-Dame de Nazareth, 75003 Paris, 1961 © Archives Renoma.

Visionnaire inclassable, artiste touche-à-tout, Maurice Renoma a développé, dès ses débuts, un univers très personnel et une esthétique flirtant avec la transgression. Des vestes et costumes iconiques des années 60/70, en passant par la photo, le design et la création graphique, c’est un parcours esthétique reflétant 60 ans de carrière que ce jeune homme de bientôt 83 ans nous donne à voir.
L’installation prend ses quartiers dans un cadre exceptionnel, un luxueux hôtel particulier qui porte la signature des équipes de Gustave Eiffel. Un lieu imprégné d’histoire qui hébergea le siège de la Compagnie des ateliers et forges de la Loire. Et quoi de mieux que ce bel écrin, où se côtoient désormais des centaines d’étudiants qui feront la mode de demain, pour partager un parcours sous-tendu par un idéal de liberté.

Le goût de la liberté

Sous les poutres métalliques et la sublime verrière, les créations sont exposées, mieux, elles habillent, telle une veste Renoma qui tombe impeccablement, les murs, l’atrium et les coursives de l’établissement.
Sans à priori, l’homme aime faire dialoguer les genres et les disciplines. Il mélange, réutilise et se ré-approprie jusqu’aux grandes œuvres de l’histoire de l’art. Comme ces fauteuils style Louis XV détournés ou cet impressionnant collage réunissant Warhol en Jésus, aux côtés de Blondie, les Ramones, Allen Ginsberg, Lou Reed, Iggy Pop, ou encore Gainsbourg, dans un ultime souper aux influences punk et destroy.

Généreux, il propose à 32 artistes de réinterpréter son mythique blazer de 1962 pour en faire une œuvre d’art. Quelques exemplaires de la série « Transgressions » sont présentés sous plexiglas comme ceux de Henri Cueco ou de Jean-Pierre Formica. Ici, l’art n’est pas une question de support mais de liberté.

Dans l’atrium, photos d’archives, coupures de presse, mobilier, blazers et perfectos revisités dégagent une belle énergie créatrice. L’on ne sait où porter le regard et chacun se souvient ou découvre, selon son âge, qu’à l’époque, les années 60/70, jeunes gens modernes et personnalités en vue s’arrachaient le vestiaire Renoma.

Du jeune Dutronc aux rock stars internationales – Bob Dylan, Keith Richards ou encore Lennon qui choisit une veste en velours cintrée portée pour le clip Imagine – en passant par Dali, Bardot ou Warhol, ce dernier endossant comme une seconde peau la veste multipoches, tous sont attirés par l’audace des coupes, des couleurs et des matières inédites. Yves-Saint-Laurent et Giscard d’Estaing franchiront eux aussi la porte de la boutique du 129 bis rue de la Pompe dans le 16e.

Le blazer Renoma détourné par l'artiste Jean-Paul Chambas

Le Blazer d'Orphée, blazer Renoma revisité par Jean-Paul Chambas - Collection « Transgressions ».

Blouson en cuir de chez Renoma avec un visuel de Jimmy Hendrix au dos

Perfecto revisité par Maurice Renoma.

Veste de chez Renoma customisé par Maurice Renoma

Veste revisitée par Maurice Renoma

Exposition d'un costume Renoma entièrement revisité avec des imprimés et de la couleur

Costume revisité par Maurice Renoma

Veste de chez Renoma customisée

Veste revisitée par Maurice Renoma

Veste Renoma avec au dos un montage photo représentant la jeune fille à la perle de Vermeer avec une tête de poisson

Veste revisitée par Maurice Renoma

Entre l'architecture 19e et les œuvres modernes, le dialogue fonctionne.

Les années 90, les années photos

Si la couture et l’univers de la mode ont passionné Maurice Renoma, la photo va le transporter plus loin encore. À travers l’image, il tient là un nouveau moyen d’expression. Les années 90 vont donc marquer un tournant et le début d’une nouvelle aventure artistique.
Ses shooting photos de mannequins s’adressent directement à la jeunesse qui lit Salut les Copains. Renoma élargit très vite son champ d’action pour photographier des nus sensuels et mystérieux, des paysages, des natures mortes. Tout ce qui l’entoure est prétexte à création.
Il expérimente les techniques : l’argentique, le numérique, le noir et blanc, la couleur, joue avec les effets de flou. Certaines images sont retraitées à l’écran pour en changer la nature, les transformer et les recycler, comme autant d’objets transgressifs.

Ses compositions de Jimmy Hendrix ou de Marilyn se retrouvent imprimées au dos d’un blouson de cuir ou de la veste Lénine, portée entre autres par James Brown à l’Olympia, des pièces qui ont fait le succès de Renoma, ici totalement réinventées.

Se jouer des normes établies

Creusant le thème de l’hybridation, Maurice Renoma fabrique des clichés de créatures, mi-hommes mi-bêtes. Saisissant ! De grands formats installés aux étages qui se laissent admirer dans une sorte de déambulation jubilatoire, rythmée par le décor architectural. Au détour d’une coursive, un montage photo de Marilyn et du président Kennedy dans un corps à corps imaginaire.
Plus loin, le couple mythique Gainsbourg/Birkin, égérie de la marque, prend la pose face à l’objectif de David Bailey. Veste, cravate et porte-jarretelles pour elle, smoking noir et cigare pour lui. Serge Gainsbourg, lié à Maurice par une indéfectible amitié, scellée lorsqu’il apprendra que Renoma est issu d’une famille de juifs polonais, portera dès lors une veste Renoma sur ses jeans délavés et ses Repettos.

Photo en noir et blanc d'un buste de femme nu par Maurice Renoma

Le Buste ©Maurice Renoma

photo noir et blanc de maurice Renoma présentant un buste d'homme cravaté sur une tête de cheval

© Maurice Renoma, Mythologies I

Une poisson nommé Cristobal

Fil rouge de l’exposition, Cristobal le poisson rouge, sujet fétiche de Maurice Renoma se retrouve au sein de mises en scène cocasses et poétiques.
Décoratif, il nage sur des coussins, sur l’assise d’un tabouret Tam Tam, remplace crânement le beau visage de la Vénus de Botticelli ou celui de La jeune fille à la perle de Vermeer.
Né de polymères et nourri des plastiques déversés dans les océans, le poisson rouge, pointe d’une manière facétieuse toutes les problématiques écologiques actuelles.

Autodidacte, artiste multi-facettes, Maurice Renoma, ne cherche pas à plaire, ses admirations vont vers les marges.
L’exposition reflète bien cette envie de bousculer, sans souci de « faire comme il faut ». C’est surtout le principe de plaisir qui l’a guidé toutes ces décennies.

Frédérique Chapuis

Le poisson Cristobal, sujet fétiche de Maurice Renoma se retrouve mis en scène

Installation Cristobal le poisson rouge. Le plastique n'est plus fantastique.

Portait d'Alexis Lavigne

Portait d'Alexis Lavigne

Un tailleur visionnaire

 

L’école ESMOD est indissociable du nom de son fondateur, Alexis Lavigne, maître tailleur parisien qui fut l’inventeur de nombreux outils brevetés encore utilisés dans la couture, notamment le buste mannequin et le centimètre souple.
Son investissement dans le domaine de la transmission et du savoir-faire le poussera à ouvrir en 1841 les premiers cours de coupe Lavigne, où les apprentis tailleurs viendront se former. Sa fille Alice va contribuer à l’émancipation des femmes en faisant de son établissement, l’école « Guerre-Lavigne », un lieu d’enseignement professionnel accessible aux jeunes femmes.
Sa petite-fille et son arrière-petit-fils prendront la relève, développant l’ensemble des procédés actuels des techniques du prêt-à-porter.
L’école, rebaptisée ESMOD en 1976, s’ouvre à l’international. Le groupe compte désormais 22 écoles dans 15 pays.
Le siège parisien et les locaux de Pantin accueillent chaque année un millier d’étudiants représentant plus de 50 nationalités. Signe des temps, en 2022, une classe « Meta-Wear » dédiée à la création de mode digitale est inaugurée.

 

ESMOD Paris, 12 rue Catherine de La Rochefoucauld, Paris 9.
Carte blanche à Maurice Renoma.
Jusqu’au 17 novembre. Du lundi au vendredi de 14h à 18h.
Sur réservation.