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Pour sa première édition, Réseau Lux, la structure qui fédère une vingtaine de festivals et foires dédiés à la photographie, investit pour un mois le centre de tri postal désaffecté Rodier, rue Louise-Émilie de La Tour d’Auvergne dans le 9e.

L’installation, riche de multiples regards photographiques, a su tirer parti de ce vaste endroit, plus de 1200 mètres carrés, resté dans son jus. Chaque recoin, même l’ancienne salle des coffres, est exploité.
Cela donne un parcours plein de surprises et de formats photographiques dans un lieu insolite et éphémère. Un événement monté en un temps record, qui illustre le maillage puissant des différents organisateurs.ices de foires et festivals de photographies partout en France.

La photo dans tous ses états !

Il y en a pour tous les goûts : de la série « Dogs » de Robin Lopvet, mêlant avec malice retouche numérique et IA, en passant par l’émouvant « Leaving and Waving » de Deanna Dikeman.
Pendant 27 ans, la photographe américaine a photographié ses parents au moment de leur dire au revoir après leur avoir rendu visite à Sioux City en Iowa. Elle explique : « C’est une histoire sur la famille, le vieillissement et le chagrin de la séparation. En 2010, mon père n’est plus sur la photographie que j’ai prise. Il est décédé quelques jours après son quatre-vingt-onzième anniversaire. Ma mère a continué à me dire au revoir de la main. Son visage s’est assombri au fil des départs« .

Photo ©Deanna.Dikeman représentant une femme d'une soixantaine d'années en short bleu et chemise rose agitant la main pour dire au revoir

©Deanna Dikeman "Leaving and waving". Exposition présentée en 2021 dans le cadre du Festival du Regard de Cergy-Pontoise sur la thématique : Intime & Autofictions.

Il y a bien d’autres oeuvres à voir : le retour à la maison familiale après des années de désertion, de Laura Lafon-Cadilhac, bercé par la lecture de la « Place » d’Annie Ernaux, les magnifiques portraits de Djamila Beldjoudi-Calin s’interrogeant sur la transmission mère-fille.
Arina Essipowitsch propose son installation « Robe » où l’image se vit comme un vêtement. Les œuvres de la photographe plasticienne née à Minsk et vivant à Aix-en-Provence, se développent le plus souvent en volumes ou en installations, pensées pour pouvoir s’activer lors de performances.
De son côté, le photographe de renommée internationale, Vik Muniz, entre le Brésil et les Etats-Unis, questionne notre rapport à la surconsommation et aux déchets à travers de grands formats saisissants.

Focus sur l'Ukraine

La guerre s’invite à travers le regard de quatre photographes qui en ont fait l’expérience.
Ainsi, pendant les premiers jours du conflit, Maryna Brodovska a dû faire le choix de se cacher au sous-sol de la morgue d’un hôpital de Kyiv, à l’abri des bombes et des combats de rue, dans la peur et l’ignorance de ce qui allait suivre. Pour éviter la mort, elle trouve refuge dans le silence et partage son expérience surréaliste à travers ses textes et collages.

Photo de Laura Lafon Cadilhac présentant son cousin qui joue avec une arme en jouet avant de manger dans le jardin.

©Laura Lafon-Cadilhac - Série "Je ne veux plus vous voir (mais c’est provisoire) - 2012 - Festival "Les Boutographies", Rencontres Photographiques de Montpellier.

©Maryna Brodovska- "I joke therefore I am"- Focus sur l'Ukraine, 2024 - Présenté dans le cadre du festival Circulation(s), au Cent-Quatre Paris.

photo.© Cyril Catalan montrant des jeunes allant se baigner dans un lac

©Cyril Catalan - "Ce nous, qui lie" - 2024 - Présentation dans le cadre du festival "Les Promenades Photographiques" de Blois.

Photo de Vik Muniz présentant une femme et ses deux enfants entourés de déchets de plastique

©Vik Muniz - Mother and Children (Pictures of Garbage), 2008, ADAGP-ARS, Paris, 2021. Courtesy galerie Xippas.

Autre proposition, un « best of » de « La Nuit de l’année 2024 » des Rencontres d’Arles, annulée pour cause de mauvais temps. Ses représentants ont fait une sélection de films courts, coups de cœur et cartes blanches, projetés en boucle sur grand écran.

Avec « Administrations normandes », Olivier Culmann, sait se faire oublier, offrant un regard non dépourvu d’humour sur ces hommes et femmes traitant des dossiers, nos cas personnels.
Un corner de la revue Fisheye et un stand de monographies d’artistes représentés offrent de quoi repartir avec un beau livre sous le bras.

Pendant un mois, les visiteurs vont non seulement découvrir l’exposition mais pouvoir participer à des animations : des studios photo le week-end pilotés par le festival Circulation(s), un studio photo le mercredi après-midi avec des familles en difficulté, des précaires et des migrants. On attend des rencontres, des talks et des lectures de portfolios gratuites à destination des professionnels.

Véritable laboratoire d’expérimentation collective, le réseau Lux, emmené par sa présidente et photographe Sylvie Hugues, affirme la vitalité des événements culturels en région en offrant une belle vitrine nationale aux photographes sélectionnés.

Frédérique Chapuis

© Fabrice Jurquet

©Fabrice Jurquet - Comme une romanité du futur - Festival "Les villes invisibles", Nîmes.

📍La Poste Rodier, ancien centre de tri postal
30-32 rue Louise-Emilie de la Tour d’Auvergne, Paris 9.
Exposition Réseau Lux #1, du 6 novembre au 8 décembre 2024.
Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 11h à 19h.