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En remontant la rue Notre-Dame-de-Lorette, une devanture d’un jaune éclatant attire le regard. A la place de l’atelier de céramique un nouveau lieu a ouvert. A la fois galerie et résidence d’artistes, l’endroit s’attache à exposer des talents émergents.

Façade extérieure de la galerie Beausoleil

Un lieu faisant la part belle à la photographie, à la peinture, à la céramique... Billy Beausoleil choisit ses artistes au coup de coeur !

Dans une autre vie, Vincent Thobel était journaliste. Ses thèmes de prédilection : les sujets axés société, culture ou encore gastronomie. En parallèle de son activité professionnelle, Vincent a toujours peint et réalisé des collages. Son nom d’artiste : Billy Beausoleil… un nom qui évoque le sud, la lumière et un bout d’Amérique. Alors quand ce trentenaire décide de se lancer « Je souhaitais ouvrir un lieu et me retrouver dans le concret », il baptise tout naturellement sa galerie « Beausoleil ».
À l’intérieur, des oeuvres de jeunes artistes. « Ils ont du talent mais ne sont pas encore confirmés. Ils réalisent des ventes mais pas suffisamment pour vivre de leur art » souligne Vincent.

Good Bye Miami ©Rodrigo

Marseille ©billybeausoleil

Pour l’ouverture, le jeune galeriste a fait le choix d’un accrochage international. Aux cimaises, deux peintures à huile du Mexicain Eder Olguin dont un beau nu de femme rougeoyant côtoient des paysages urbains d’Antoine Guibert et du jeune Gabriel Carrère. « A seulement 22 ans, il a déjà beaucoup voyagé. Il est encore étudiant à Science Po et s’est formé seul à la photo » explique Vincent. 
Autre continent, autre paysage, autre œil, celui mordant du Colombien Rodrigo qui se joue des clichés propres à la ville de Miami. Entre plage, poste de secours et palmier, un retraité argenté s’invite sur la photo. 
Posées sur un banc, quelques céramiques de Jim Kylam, artiste autodidacte rappelle la dimension pluridisciplinaire du lieu.

Du noir et blanc

Dans un bac, près de la vitrine, de beaux clichés noir et blanc (scènes de l’intime et de rues) à l’argentique signés Pierre Bonard, jeune photographe de Belleville qui propose une série de clichés encadrés par ses soins.
Des choses vues, des scènes de rue, des nus, des paysages, en fonction du hasard, des rencontres et des situations « en essayant d’avoir un regard curieux et neuf, dans la mesure du possible, tout cela étant influencé par l’humeur et l’état d’esprit du moment » précise le photographe qui s’est initié à l’art de l’image fixe en parallèle de ses études de cinéma.
Pierre Bonard travaille principalement sur support argentique en noir et blanc : « Une technique qui invite à la parcimonie, une contrainte positive qui donne plus d’enjeu au moment de la prise de vue. » S’il préfère le rendu de l’argentique, le jeune homme s’autorise des incursions dans le monde du numérique et de la couleur.
Parmi ses maîtres, il cite Josef Koudelka, Cartier-Bresson, Willy Ronis, Eugène Smith ou encore l’italien Giacomelli, tous de grands photographes engagés et/ou humanistes qui ont su magnifier le noir et blanc comme jamais. Le talentueux Pierre Bonard pourrait faire sienne cette citation de Cartier-Bresson « Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. »

©PierreBonard

©PierreBonard

La série "Lucha" du peintre ©ederOlguin

Résidence d'artistes

Séparée par une large baie vitrée, la partie résidence d’artistes de 18m2 est investie régulièrement pour un nouvel artiste. « Nous faisons des appels à candidature. Les artistes retenus ont un mois pour créer sur place et exposer leurs œuvres explique Vincent qui précise : c’est totalement gratuit et c’est un véritable luxe pour eux. » C’est Clémence Lebouvier sous son nom d’artiste Cléo Jardin qui a ouvert le bal le 1er avril. Chez elle, la nature, le paysage, le jardin constituent des points de départ pour raconter des histoires. « Elle crée des impressions sur serviettes de bains. Et elle a eu l’idée d’investir le lieu en déversant des m3 de sable, une ambiance de plage, ça m’a plu » sourit Vincent. En contrepartie, chaque artiste en résidence s’engage à animer un atelier public le samedi en lien avec sa discipline.

En octobre, Matthieu Poli, compositeur et artiste plasticien a investi la résidence. Ce dernier décloisonne les disciplines de l’art et de la science au travers de ses œuvres, des créations qui se manifestent sous des formes inspirées de l’illusion optique et jouent sur la perception. Il est possible de le voir utiliser une technique de dessin numérique, manipulant objet 3D et ligne vectorielle. Il exécute ses oeuvres à l’aide d’un bras robot permettant d’avoir une précision du tracé au dixième de millimètre.

Quatre mois après son ouverture, le galeriste affiche un premier bilan plutôt satisfaisant. Des ventes, du passage et un quartier pile dans la cible : « De nombreux habitants, curieux, passent une tête. C’est un quartier vivant, jeune, parfait, entre Pigalle et Saint-Georges ».
Parmi les événements à venir, une exposition photo « VIEUX » en partenariat avec Les Petits Frères des Pauvres et Maison 7, qui débutera mi janvier.

Frédérique Chapuis

Galerie Beausoleil
48, rue Notre-Dame-de-Lorette. Paris 9.
Ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19H30.
Ateliers pour enfants : le mercredi de 14h à 16h.