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À l’occasion d’Octobre Rose, un mois pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein, le plus fréquent chez la femme, nous avons recueilli le témoignage de Bénédicte, 61 ans. Cette habitante du 9e retrace son parcours depuis l’annonce de son cancer.

Bénédicte s’est installée en 2012 rue Blanche. « Je venais de Port-Royal dans le 13ème et c’était tout une aventure de passer la Seine et d’emménager Rive-droite » explique-t-elle en riant. Depuis, cette avocate s’est très bien acclimatée au quartier : « parfait sans jeunes enfants à promener car ici, tout est minéral. »

Le 21 novembre 2023, entre deux rendez-vous professionnels, c’est confiante « J’étais à 1000 lieux d’envisager un cancer alors que j’entrais dans un âge où l’on est possiblement à risque », à vélo et sous la pluie, « Je m’en souviendrais toute ma vie, il pleuvait des cordes et j’ai failli annuler » qu’elle se rend au cabinet de radiologie pour son examen de contrôle.

L’annonce

Rien de particulier n’est détecté à la mammographie, l’échographie révèle, elle, une anomalie. 30 secondes très longues pendant lesquelles la sonde fait du surplace au niveau du mamelon avant que le diagnostic ne tombe : « C’est un cancer. Mais rassurez-vous, vous n’allez pas en mourir ». L’annonce du radiologue est directe, un peu brutale, mais le spécialiste est sûr de lui. Bénédicte le remerciera à la consultation suivante pour lui avoir éviter des semaines d’attente dans l’angoisse.

Sur le moment, abasourdie, elle s’entend mécaniquement répondre : « C’est-à-dire ? »
Sonnée, elle hèle un taxi, incapable de reprendre son vélo, « j’étais en larmes dans la voiture », et se rend quand même à sa réunion. C’est à sa sœur qu’elle se confie en premier avant que son fils aîné ne l’appelle et qu’elle craque au téléphone.
Trois semaines plus tard, la biopsie confirmera le diagnostic initial, celui d’un cancer lobulaire infiltrant, de stade 2. Un cancer insidieux, assez rare, qui ne procure aucune douleur ou masse suspecte.

Bénédicte en Bretagne, sa région de cœur.

Entre-temps, son radiologue a pris le dossier en main : rendez-vous pour un IRM et une orientation vers l’Institut Curie. Toute une période pendant laquelle elle se laisse porter : « On est sous le choc et tout va très vite. »

Une chirurgie conservatrice

La rencontre avec sa chirurgienne, Madame Laki, à Curie la rassure. « Une femme extraordinaire qui m’a expliqué par le détail le traitement le mieux adapté à mon cancer, son stade, et à mon profil. »

Ni la mastectomie, ni la chimiothérapie n’ont été retenues, il a été décidé collégialement d’extraire la tumeur puis de procéder à des séances de radiothérapie.
Entourée des siens, Bénédicte souffle un peu à Noël avant l’opération planifiée fin janvier.

« Dans le bloc, on m’a demandé si je voulais de la musique. J’ai choisi Jean-Jacques Goldman et je me suis endormie en voyant chanter et danser la chirurgienne et l’anesthésiste » se souvient-elle.
Prise en charge en ambulatoire, la patiente sort en fin d’après-midi, sans douleur ni pansement sur la plaie, évitant ainsi les soins infirmiers à domicile.

En attente des résultats des ganglions sentinelles, Bénédicte s’entend dire qu’elle doit repasser sur la table d’opération. La chirurgienne a un doute, elle préfère réintervenir et enlever un peu plus de tissus sains. « À ce moment , j’ai eu envie qu’on m’enlève le sein une bonne fois pour toute » admet Bénédicte. Mais l’ablation/reconstruction, une chirurgie lourde, ne sera pas retenue et la seconde opération, moins invasive que la première, se déroule sans complication.

Séances de radiothérapie

À la mi-mars, les séances de radiothérapie débutent. Bénédicte mesure sa chance, un nouveau protocole vient d’être mis en place à Curie. Le délai initial de traitement de 6 semaines, à raison d’une séance par jour, est diminué de moitié. L’avocate s’organise, case ses rendez-vous médicaux dans son agenda et anticipe les effets indésirables en contactant un coupeur de feu et un kiné. « Dans mon entourage, on m’avait prévenu : tu vas avoir le sein tout noir, ça va te brûler. Ca va être épouvantable ! » Mais rien de tout cela ne s’est produit.
Elle se souvient qu’à Curie, on lui disait : « N’écoutez pas ce qu’on vous dit. Vous êtes toutes différentes. »

Une femme sur huit est touchée en France par le cancer du sein.

Un an après

Bénédicte vit normalement. Son quotidien n’a pas changé. Elle s’est arrêtée de travailler plusieurs jours après chaque opération, le temps de récupérer puis de reprendre à son rythme. « J’ai dit tout de suite annoncé à mes deux associées que j’avais un cancer du sein. Elles ont été très compréhensives et bienveillantes » souligne-t-elle.

Pratiquement un an après l’annonce de son cancer, toujours à vélo pour ses déplacements, s’astreignant à marcher le plus possible, Bénédicte oublierait presque son cancer.
Seule sa prise de médicament au quotidien (un traitement d’hormonothérapie pendant cinq ans minimisant le risque de rechute) le lui rappelle. Pour l’instant, elle le supporte bien ce qui n’est pas le cas de toutes.
Les effets secondaires : quelques bouffées de chaleur, un peu de prise de poids et de la fatigue « mais rien de trop méchant. » Par contre, avec un système immunitaire fragilisé, elle qui n’était jamais malade, attrape désormais tous les virus. Bénédicte va cette année se faire vacciner contre le Covid et la grippe.

Dans les moments plus durs, l’avocate exorcisait la tension par l’écriture. Elle crée un groupe WhatsApp qu’elle nomme « En goguette à Curie ».
Elle y raconte ses visites, ses interventions, transmet quelques photos de machine, toujours sur un ton humoristique. « Ça me faisait du bien et le retour de mes lecteurs et lectrices me portait » précise-t-elle. Bénédicte pense même envoyer son petit journal de bord à l’Institut Curie, un geste de remerciement adressé à l’ensemble des équipes soignantes.

Frédérique Chapuis

Ecran de portable représentant le groupe whatsApp de Bénédicte

Bénédicte a animé un groupe WhatsApp comme un exutoire face à la maladie. Les réactions de ses amis et de sa famille la réconfortaient.