Ouvrez l’œil ! Sur certaines portes ouvragées du 9e surgissent deux visages sculptés, ceux d’Abélard et d’Héloïse, témoignages de l’histoire d’un amour tragique du 12e siècle qui va irriguer l’art.
Si leur passion interdite naquit sur l’île de la Cité, on retrouve trace des deux amants à multiples reprises dans le 9ème.
Abélard, éminent professeur et grand théologien âgé de 40 ans, reconnu pour ses idées novatrices, s’éprend d’Héloïse, son élève de 18 ans.
La jeune femme, intelligente et cultivée, louée pour sa connaissance des auteurs antiques, est l’une des plus admirées de Paris.
« Les livres étaient ouverts, mais il se mêlait dans les leçons plus de paroles d’amour que de philosophie, plus de baisers que d’explications » écrira Abélard.
Sous prétexte de leçons, le maître débute avec son élève une correspondance savante et galante.
Dans sa correspondance, Héloïse se montre étonnement moderne tant par la profondeur de l'analyse psychologique que par la liberté du propos.
Le philosophe Abélard, amoureux de son élève Héloïse : une passion dangereuse au 12e siècle.
Un amour défendu
Les deux vont s’aimer charnellement, un amour entre un philosophe et une fille de religieux qui fit scandale.
Leur mariage secret, leur fuite en Bretagne et la naissance d’un fils, Astrabale, se heurte à la famille de la jeune fille.
Son oncle, le puissant Fulbert, chanoine de Paris, ordonne le châtiment habituellement réservé aux violeurs, l’émasculation de l’inconvenant.
L’amant châtré se fait moine à l’abbaye de Saint-Denis, fonda une école, tandis qu’Éloïse se retire dans un couvent. Elle deviendra plus tard la première abbesse de l’abbaye féminine du Paraclet, située en Champagne.
Les deux infortunés continueront d’échanger de magnifiques lettres empruntes de spiritualité, témoignages de leur lien indéfectible.
Leur amour fut cité au Moyen Âge dans « Le Roman de la Rose », puis repris par François Villon dans sa « Ballade des dames du temps jadis », mise en musique par Georges Brassens en 1953.
Le couple sera finalement réuni post mortem au sein de l’abbaye du Paraclet.
Leurs cendres, sur ordre de la Ville de Paris, furent transportées en 1817 au cimetière du Père-Lachaise, et recueillies dans un mausolée monumental du sculpteur Alexandre Lenoir. Son inauguration est suivie par une foule immense.
Frédérique Chapuis
Les deux amants en médaillon central des grilles en fonte des portes d'immeubles du quartier romantique de La Nouvelle Athènes.
Il y aurait une trentaine de représentations d’Héloïse et d’Abélard dans le 9ème arrondissement avec une concentration dans le quartier romantique de La Nouvelle Athènes. Les deux amants sont représentés à l’intérieur de médaillons ornant les grilles en fonte des doubles-portes d’entrées d’immeuble.
Abélard porte moustache et barbichette, les cheveux à l’épaule. Il est coiffé d’un grand chapeau à la mode de l’époque. Héloïse est ornée d’un bijou (dans les répliques les plus détaillées), et une coiffe couvre sa chevelure.
À retrouver notamment au 36 et au 38 de la rue Notre-Dame-De-Lorette, sur la façade du 54 et au 49 de la même rue.
Au 3 rue Henner, au 37 et 44 rue La Bruyère. Au 39 rue de Clichy.
Au 49 rue Notre-Dame-de-Lorette, Paris 9.
Les 2 amants représentés sur la façade ouvragée, au 54 rue Notre-Dame-de-Lorette.
Leur histoire, sujet de tableaux. Ici, "Abelard and his Pupil Heloise", par le peintre anglais Edmund Blair Leighton - 1882.
Au 37 rue La Bruyère, Paris 9.
Au 44 rue La Bruyère, Paris 9.
Au 3 rue Henner, Paris 9.