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Vous trouvez le nœud pap et la cravate ringards ? Oubliez vos préjugés ! Chez Cinabre, dans un magnifique écrin alliant vintage et modernité, situé cité Bergère, Alexandre Chapellier, créateur de la marque, s’emploie à dépoussiérer leur image.

Alexandre Chapellier devant sa boutique Cinabre

Alexandre Chapellier, fondateur de Cinabre. Crédit photo : Ludovic Balay.

L’homme est surprenant. Il peut vous recevoir, portant robe de chambre sur un jean, chemise et foulard, un modèle des plus chics, fabriqué par sa marque Cinabre.
Car oui, Alexandre souhaite sortir du placard ce “déshabillé pour homme” et lui faire prendre l’air, se référent aux siècles précédents où il était alors d’usage pour le gentilhomme puis le dandy de le porter pour accueillir ses invités. Convaincu ?

Pour l’entrepreneur, toutes les occasions sont bonnes pour s’habiller. Un cocktail chic, un mariage (c’est de saison), une fête. Alors pour sublimer une tenue masculine, un petit tour s’impose chez cet esthète du bon goût à la française.

Dans les tiroirs ouverts et savamment rangés, des centaines de modèles de nœuds pap et de cravates, coupés dans des matières sobres et élégantes.
Du chic décontracté mais jamais guindé. Les plus audacieux trouveront des modèles plus originaux et décalés tels ces modèles Léopard, Opex ou Plumettes.

L'œil de Michel, la main de Catherine

Il y a une douzaine d’années, lorsqu’Alexandre projette de lancer Cinabre, il peut s’appuyer sur le couturier Michel Goma, passé par Dior, Patou ou Balenciaga. Celui qui deviendra un ami le forme à l’association des couleurs et des matières.

Toujours de bons conseils et généreux, ce génie créatif terminait toujours ses séances de travail par des anecdotes sur la haute-couture à la grande époque de Patou et Saint-Laurent. « Il me confiait ses angoisses de la feuille blanche avant de commencer ses nouvelles collections, ses excès pendant les soirées au Palace », écrit Alexandre sur son blog au décès de son mentor.

Une femme, Catherine, fait également partie de l’aventure. Mais c’est dans le Loir-et-Cher qu’on la retrouve dans un atelier historique, celui de sa grand-mère qui déjà confectionnait nœuds papillon et cravates. Épaulée par Coline, la cheffe d’atelier fait perdurer un savoir-faire traditionnel, fruit de trois générations de femmes.

Du « made in France » façonné main

Les étoffes, velours, satin, coton, twill, soie tissée, lin, toile de Jouy, la liste est longue, font l’objet d’un sourcing hyper pointilleux. Les motifs, tous exclusifs et dessinés dans le studio au 1er étage, sont déclinés dans une variété de coloris.

Un travail aux petits oignons pour une belle qualité de finitions. Ainsi, toutes les cravates sont montées sur une triplure pure laine, gage du maintien de la forme dans le temps, et confectionné en réalisant ce que l’on appelle un « double pli chemisier » , qui leur donne un tomber, et une « main », un toucher unique. Enfin, un fil de réserve rouge apparent assure la souplesse du tissu.

Adepte du durable et dans un souci de valoriser l’existant, Cinabre propose de surcroît, un service de réparation, de transformation et de blanchisserie, baptisé non sans humour, “l’hôpital à cravates”. L’occasion de faire d’un modèle ancien, usé et élimé, trop long ou trop large, une pièce complètement remise à neuf, que l’on aura à nouveau plaisir à porter.

Fuyant l’ennui, Cinabre s’autorise des motifs second degré : Top Gun, une collection capsule « Free Britney Spears », une cravate Corgis tout en multipliant les collaborations de prestige avec la Marine Nationale, Le Louvre, le XV de France ou le PSG.

Au rayon nœuds papillon, ceux-ci s’ajustent à la taille du cou pour une tenue parfaite et sont livrés pré-noués. Toutes les pièces sont doublées en twill de soie rouge, la signature Cinabre. Une belle étoffe agréable réalisée dans les Monts-du-Lyonnais, aux lisières de Lyon, capitale de la soie.

Un tiroir ouvert rempli de modèles de noeuds papillon Cinabre;

La couleur et les imprimés ont fait leur apparition sur les nœuds pap depuis une vingtaine d'années.

Présentoir avec un nœud pap cinabre "Mowtown" en lurex et laine.

Le nœud "Mowtown" en lurex et laine, aux fils épais effet miroir. À porter en soirée en esquissant un "moonwalk".

Tiroir avec noeuds en toile de jouy motifs bleus

Un modèle conçu à partir d'une Toile de Jouy française avec des motifs issus d'anciennes gravures réalisées vers 1785.

Noeuds papillons noirs en satin avec des formats différents : classique, pointe et slim.

Pour un dress code black tie, le modèle satin se décline en plusieurs formats : classique, pointe, slim.

Tiroirs ouverts comprenant une variété de modèles de cravates de tissus et coloris divers

Près de 500 modèles de cravates à disposition chez Cinabre. Crédit photo : Ludovic Balay.

Gros plan sur un nœud pap en lin irlandais traditionnel

Un nœud papillon en tissu de lin irlandais traditionnel, doublé d’un twill de soie rouge Cinabre.

Le fournisseur de l’Élysée

Depuis 2017, la marque fournit l’Élysée en cravates. Le président Macron porte un modèle en satin de soie bleu marine lors des occasions officielles. “C’est un très bon ambassadeur du savoir-faire français estime Alexandre, poursuivant, Il doit posséder une quarantaine de nos modèles.
Alors que le bleu est la couleur présidentielle, les huissiers du Palais sont, eux, habillés de nœuds papillon en coton piqué blanc. Une belle reconnaissance pour la marque, chantre du “made in France” et du bel ouvrage.
Ce partenariat prestigieux fut clairement un accélérateur pour l’entreprise qui réalise aujourd’hui plus de la moitié de ses ventes à l’étranger.

Du foulard à la casquette

Toujours pour habiller le cou, Cinabre a su étoffer son offre d’accessoires de luxe en proposant des foulards et bandanas de soie dont le traditionnel carré 90 cm, tous roulottés mains, dans des imprimés graphiques et joyeux. L’un cache des clichés de spationautes flottants, un autre, une soucoupe volante inspirée de l’esthétique de la science-fiction des années 70, grande passion d’Alexandre.

Pour la tête, une collection de casquettes de compet a rejoint les vitrines de la boutique. Des modèles réalisés par une chapellerie des Pyrénées-Atlantiques et inspirés de la casquette de baseball américaine. Les matières, la doublure, les finitions, rien n’est laissé au hasard et comme pour tous les accessoires Cinabre, il est possible de personnaliser son couvre-chef avec des noms, initiales ou une date, écrits à la main sur la griffe intérieure.

Foulards de soie Cinabre, tous roulotés à la main.

Des carrés de soie et grands foulards chics imprimés en Italie, pour habiller le cou.

Vitrine avec à l'intérieur différents modèles de casquettes

Des casquettes confectionnées dans une chapellerie des Pyrénées-Atlantiques. Crédit photo : Ludovic Balay.

Une gamme "Art de vivre"

Souhaitant valorisant son stock de tissu, Cinabre s’est ouvert à l’art de vivre à travers une collection de coussins, plaids et robes de chambre.
Des chutes servant à la confection des cravates et nœuds recouvrent désormais des cahiers habillés. De beaux objets pratiques créés en collaboration avec l’imprimerie familiale Chauvat Bertau située en région parisienne.
Avec son ancien voisin du 10e, l’imprimeur historique Duvinage, Cinabre a développé une collection de beaux carnets de poche imprimés et estampés à la feuille d’or. De petites trousses complètent l’offre de papeterie.

Toujours dans cette démarche d’upcycling, Cinabre a créé des portes-clés à porter autour du cou, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs. La cloche du porte-clés est un fourreau militaire que l’on plaçait à l’épaulettes pour indiquer le grade et le corps d’armée. Ces objets sont issus de la collection de vestes chinées par Alexandre, une autre de ses marottes.

L'intérieur de la boutique Cinabre avec en vitrine des accessoires pour hommes : casquettes, foulards, lunettes vintage.

Intérieur de la boutique Cinabre. Au fond, la partie salon cravates et nœuds papillon.

Un endroit hors du temps

Implanté depuis 2011 dans le 10e, rue d’Hauteville, Cinabre traverse la rue du Faubourg Poissonnière et prend, fin 2022, ses quartiers Cité Bergère, dans le 9e. Cet endroit méconnu de l’arrondissement, ouvert en 1827 et désormais garni d’hôtels, on en dénombre six, fait office de sas naturel face à l’agitation de la rue du Faubourg Montmartre. Toutes les façades de style néoclassique, en vogue sous la Restauration, inscrites à l’inventaire des Monuments historiques, rappellent les riches heures d’un passé où se côtoyaient activités commerciales et artisanales.

Alexandre et son associé profitent de la vente d’un immeuble à la découpe en période de Covid pour récupérer une partie des lots. Au rez-de-chaussée, la boutique est emménagée en lieu et place d’une galerie d’art. « Nous avons hérité d’un cube blanc. Il a fallu tout revoir et créer un endroit où l’on ait envie de s’attarder, de prendre son temps loin du bruit et de la foule » rapporte-t-il.
Dès l’entrée, un petit salon aux allures de bivouac napoléonien revisité avec tissu tendu à rayures donne le ton. Tout est pensé pour une « une expérience client » peu banale où chaque accessoire et élément de décoration reflètent les obsessions du propriétaire.

Le franco-suédois qui « aime le disco des années 70, la techno de Détroit, la Science-Fiction vintage, les nuits blanches à Paris, le panache d’un uniforme et une mode qui ne se prend pas trop au sérieux » a su, avec l’aide du duo d’architectes Necchi Architecture, insuffler de l’audace, en mixant passé et présent, tout en conservant les codes classiques d’une boutique chic et feutrée.
Un vieil escalier tournant mène au 1er étage où une petite équipe assure la création, l’administratif et la logistique tandis que les 2ème et 3ème étages abritent désormais deux suites de luxe.

Un grand bivouac de toiles tendues à rayures accueille le client

Un bivouac de toiles à grandes rayures (tissu Pierre Frey) accueille le client. Crédit photo : Ludovic Balay.

Deux suites bien cachées

C’est l’adresse secrète que s’échangent sous le manteau quelques happy few, amateurs de l’art de vivre à la parisienne : deux suites privées, pensées et décorées avec le concours de l’agence Necchi.
À l’arrivée des clients, c’est un groom qui les reçoit, lesquels passeront par une porte dérobée pour accéder à leurs pénates. Petit jeu exquis.
Insoupçonnables de l’extérieur, ces deux refuges haut de gamme, conçus comme une maison de famille bourgeoise, se révèlent dans la richesse des contraires : papiers peints fleuris, une exclusivité Pierre Frey, salons de bain en bois verni, platines hifi vintage chinées, bar à cocktails, banquettes en velours, tables basses métal, avec des références à Madeleine Castaing, Loulou de la Falaise, Napoléon, Stanley Kubrick ou le club du Palace.

Dans les suites, le vestiaire Cinabre est mis à l’honneur. Robes de chambre, nœuds papillon, foulards de soie et chaussons attendent les chanceux, lesquels, au retour de soirée, profiteront de la literie Hästens, la Rolls du matelas, Obama, Brad Pitt et Beyonce l’ont adoptée, fabriquée artisanalement à Köping, ville suédoise d’où est originaire la grand-mère d’Alexandre.

Frédérique Chapuis

Vue de la suite 2 Cinabre avec salon de bain de bois verni.

Vue de la Suite 2 Cinabre. Crédit Photo : Ludovic Balay.

Cinabre, 14 Cité Bergère, Paris 9.
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 10h à 19h30.
Le samedi, de 11h30 à 19h30.