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Perché au 7ème étage d’un immeuble de la rue de Caumartin, L'atelier 7474, baigné de lumière, avec d'un côté vue sur l’opéra Garnier, de l'autre sur la Tour Eiffel, est tout entier consacré à l’excellence de la couture et de la mode. C'est Audrey Geschwind sa fondatrice qui nous en ouvre les portes.

En ce début d’après-midi, une vingtaine de personnes s’affairent. Ici, une jeune femme s’applique à recouvrir un bouton de tissu, chaque détail compte, là, une autre vérifie le tombé d’une robe cocktail sur un buste Stockman, plus loin, une machine fait entendre son doux cliquetis tandis qu’une paire de ciseaux glisse sur une soie fragile.

Au service de la haute couture et du prêt-à-porter de luxe

À la tête de l’atelier, sa fondatrice Audrey Geschwind, agenda surbooké, jonglant entre les rendez-vous, les essayages VIP et les voyages à l’étranger, mais qui prend le temps de nous recevoir.
Cette dernière tient à présenter ses équipes avec chacune sa spécialité, la couture flou, le tailleur et le costume de théâtre.
Audrey est fière de ses mains expertes, de toutes origines et de tous âges, qui sur ses conseils avisés, façonnent en coulisse les plus belles pièces pour de grandes maisons de haute couture, prêt-à-porter de luxe et jeunes créateurs. Ainsi Balmain, Loewe, Saint Laurent ou encore Ami, lui font confiance.
L’atelier confectionne et assure la création de pièces exclusives VIP comme cette veste en cuir pour la scène ou cette robe gold, toutes deux dessinées par Audrey. Un savoir-faire qui séduit une clientèle prestigieuse et diversifiée convaincue par l’expertise, la créativité et l’enthousiasme portés par la fondatrice.

L’ambiance est studieuse dans l’atelier parisien, chacun.e a en tête les délais serrés à respecter avant que volumes et formes ne prennent vie. Du prototypage sur toile au montage final, sans compter les essayages, les retouches et les derniers ajustements, plusieurs semaines seront nécessaires pour la confection de créations qui habilleront les plus grandes stars à Cannes, au Met Gala de New York ou qui brilleront sur les podiums aux Fashion Weeks.

Vue générale sur l'atelier avec table de découpe, couturière et au premier plan une machine singer

Un vaste atelier lumineux où se côtoient couturier.e.s, première mains et modélistes.

Portrait de Audrey Geschwind dans son bureau

Audrey Geschwind pose devant le portrait de Karl Lagerfeld. La fondatrice de L'Atelier 7474 appréciait le coup de crayon, le génie créatif et l'élégance du Kaiser.

De sa Lorraine au monde du luxe

Dès l’âge de dix ans, Audrey affirme son goût pour la couture, souhaite devenir styliste même si à l’époque, dans sa Lorraine natale, les adultes de l’école affichent scepticisme et incrédulité face à un métier qu’ils ne comprennent pas et jugé « sans débouchés ».
Pour autant, la jeune fille persévère et ne s’en laisse pas compter. Fan de Karl Lagerfeld et de Jean-Paul Gaultier, elle dissèque leurs défilés, apprend à coudre sur une grosse machine qu’elle réussit à obtenir, porte ses créations pour se singulariser, « Ma mère nous habillait de la même façon ma sœur jumelle et moi, et j’avais cela en horreur » explique Audrey.

Son obstination va payer. Alors que sa sœur se prédestine à des études d’ingénieur, sa mère désarme, son père déclare : « Ma fille fera ce qu’elle voudra ! » , et la jeune fille passe son CAP Couture flou, ira jusqu’au BTS Arts appliqués à l’école Duperré, part en Italie, impressionnée par Gianni Versace, « par son utilisation du noir et du doré, très provocateur » et soutient même une thèse à Milan.

Alors que peu de gens ont cru en elle, à l’exception de sa professeure de couture, la voila lancée dans l’univers de la haute couture. Elle y fait ses armes, monte les échelons dans de grandes maisons. Assistante styliste, puis styliste et chef de produit, elle voyage beaucoup, apprécie le contact avec la clientèle et insiste sur « la satisfaction de voir le fruit d’un travail collectif rayonner sur un podium ou sur un tapis rouge. » Elle termine cette première partie de carrière chez Stéphane Rolland.

Couturière vue de dos portant une blouse floquée L'Atelier 7474

Vue inspirante sur le Palais Garnier

Réaliser un rêve d’enfant

La quarantaine arrivant, Audrey saute le pas, elle en rêve depuis ses dix ans, et ouvre son propre atelier de couture. Elle démarre petit, chez elle. Mais rapidement, à sa grande surprise, les demandes de maisons prestigieuses et créateurs de talent affluent, toujours à la recherche de belles mains.

Elle installe ses machines au 22 rue des Martyrs, dans un atelier sur cour, puis annexe un appartement de l’immeuble. « J’y avais mes habitudes, je connaissais tout le monde, mes voisins, les magasins de la rue » déclare Audrey, nostalgique. De cette période, elle a conservé des attaches. Ainsi son ancienne voisine, Catherine, 86 ans, sur qui elle veillait, vient régulièrement la voir.
Si l’esprit village de cette partie du 9e l’enchantait, elle devra pourtant se résoudre à déménager. Les commandes se bousculant, le développement et la confection sur deux étages devenait ingérable.
En juillet 2023, elle visite les anciens locaux d’une radio, elle en a conservé l’enseigne lumineuse  « On air », et tombe en arrêt. Ce plateau de 200 mètres carrées très lumineux et surplombant les toits de Paris sera pour elle et ses équipes un nouveau cocon.
L’adresse est centrale, à la limite du 8e, à deux pas du sacro-saint Triangle d’Or. Balmain est au bout de la rue, Schiaparelli et Loewe sont à deux pas.

Jeune couturière lace une bustier dans le dos

Conception d'un bustier pour un costume de l'Opéra.

Intérieur de l'atelier avec a premier plan une veste bicolore sur mannequin

Dernière retouche sur cette veste tailleur pour femme bicolore à basque.

Vérification d'un tombé d'une robe drapée noire

Vérification sur cette robe au drapé élégant.

Karol G en Maison Balmain aux Latin Grammys, 2023 Séville, Espagne

La chanteuse Colombienne Karol G en Maison Balmain aux Latin Grammys, 2023 Séville, Espagne.

Margot Robbie habillée d'une robe rouge Balmain avec un décolleté en fleurs

Margot Robbie en Maison Balmain, 29th Critics Choice Awards, 2024, Californie.

Jared Leto essayant un costume avec l'aide d'Audrey Geschwind

Derniers ajustements. Jared Leto en Karl Lagerfeld pour le
MET Gala 2023 de New York.

Transmettre un savoir-faire

Sensibilisée aux enjeux de transmission, Audrey accueille de nombreux apprentis et stagiaires pour les former. « En France, on a failli perdu nos mains mais fort heureusement, c’est en train de revenir » se réjouit-elle.

Autrefois dénigrés, les métiers de la couture séduisent une nouvelle génération. « Il faut communiquer sur les savoir-faire, donner envie. Les opportunités sont bien réelles. Je ne connais pas une maison qui ne recherche pas une bonne main » résume Audrey.
De son côté, elle peut compter sur une équipe soudée et fidèle, ainsi Sitha, cambodgienne de 65 ans, qui la suit depuis ses débuts, ou encore Natalia d’Ukraine et de jeunes passionné.es arrivant de Singapour, de Suisse et d’ailleurs.

Si les paillettes et le monde du luxe peuvent éblouir, l’entrepreneuse n’oublie pas de mentionner le stress et l’urgence qu’il faut savoir encaisser, les postures difficiles à la longue : « C’est un métier de passion qui exige d’être en retrait, de ne pas compter ses heures et de constamment trouver des solutions » précise-t-elle. Navigant avec aisance dans l’univers du luxe, côtoyant des célébrités qui s’en remettent à elle pour apparaître sous leur meilleur jour, Audrey garde la tête froide et n’en reste pas moins une dame qui fait son jogging le dimanche en bord de Marne comme tout le monde.

Une fois les collections achevées, la responsable, soucieuse du bien-être de ses salarié.es. organise apéros et dîners sur la terrasse, cours de yoga collectif, fait venir masseurs et ostéopathes pour dérouiller les corps crispés.
Une pause bien méritée avant de reprendre le rythme effréné, la confection d’une robe de mariée toute de mousselines et de broderies, la tenue spectaculaire d’une célèbre chanteuse américaine ou la robe associant chic et audace qui sera portée par une actrice française pour le prochain Festival de Cannes.

Patrons sur la table de coupe, Audrey donne des conseils au modéliste

Soucieuse de transmettre, Audrey prend sous son aile jeunes apprentis et stagiaires issus d'école de mode. De nombreux étudiants étrangers souhaitent se frotter à l'excellence française.

En attendant, c’est la course avant l’envol pour Las Vegas. Au salon de la mode « Magic », rendez-vous bi-annuel international, Audrey et son staff se feront les ambassadeurs de la haute-couture française avec de magnifiques tenues inspirées des tutus des danseuses de l’Opéra.
Juste et belle revanche d’une femme qui aujourd’hui fait rayonner des talents que le monde entier nous envie.

Frédérique Chapuis

Mur recouvert de photos de défilés

Traces photographiques de créations confectionnées par l'atelier pour de grandes maisons françaises.

Travail sur un modèle en vue d'une présentation pour le salon Magic de Las Vegas.

Travail sur un modèle unique inspiré du tutu de l'opéra, présenté au salon de la mode "Magic" à Las Vegas, Février 2025.

Veste crème et col vert

Détail ensemble tailleur couleur champagne avec un dessous de col vert, porté par une actrice lors d'une cérémonie de réception de la médaille Chevalier des Arts et des Lettres.

L’Atelier 7474, 37 rue de Caumartin, Paris 9.
Uniquement sur rendez-vous.