Lorsqu’Alfi Brun pose ses valises à Paris en 2001, elle enchaîne les postes en restauration et dans le prêt-à-porter.  Plusieurs années à prendre de l’expérience avant de se lancer : “J’ai ouvert ma boutique portée par l’envie de présenter une Afrique différente avec des produits accessibles pour tous. » Pari tenu.

Sur un portant, une petite collection d’imprimés de coton wax, déclinée en robes, pantalons ou salopettes, pour un look printemps-été frais et coloré « Tout le monde porte ça au Sénégal » note Alfi qui en était vêtue pour aller à l’école.

Un tissu aux motifs graphiques traditionnels mais ici modernisés et travaillé en version coussins et housses de couettes et qui habille différents accessoires : chouchous, trousses, pochettes d’ordi et tote-bags.

L’Afrique, grand continent du recyclage, réinterprète le sac de riz de toile, transformé en housse de coussin, pour réchauffer une chaise de balcon ou habiller un sol trop froid. Dans la même veine, Alfi a également sourcé de grands sacs doublés en tissu wax, parfaits pour la plage.

Les fameuses chaises scoubidou, réalisées en fils de pêche, très populaires au Sénégal trouveront leur place dans une chambre d’enfant.

Quant à nos murs blancs, ils vont s’égailler avec des peintures sous-verre, aux couleurs éclatantes, représentant  des portraits et scènes naïves de la vie quotidienne, que l’on nomme « fixés ». Une technique traditionnelle ornant les échoppes sénégalaises et très prisée des touristes.

On quitte le pays natal d’Alfi pour l’Afrique du Sud, avec une offre de vannerie lavable (gobelets, vide-poches… ) réalisée à partir de fils téléphoniques de couleur.

De la belle céramique contemporaine et de grands vases décoratifs de papier recyclé de magazines complètent la proposition, tandis que de magnifiques assiettes et saladiers en verre soufflé, arrivent eux, tout droit de Tunisie.

Seule à faire tourner la boutique depuis plus de 10 ans,  mais épaulée par son mari « qui me soutient à 200% », l’énergique Alfi, maman d’un grand garçon de 17 ans, partage sa vie entre Belleville où elle vit et la rue Pigalle.

Si de Dakar elle regrette le soleil et la mer, Alfi a retrouvé ici une vraie chaleur humaine à travers une vie de quartier. « On se connaît tous. On s’entraide et mes clientes fidèles sont devenues des amies », et de citer le fromager Frescolet, la boucherie Les 3 coqs, la coiffeuse Amélie ou encore Emmanuelle de La bonne Composition. Quand la journée est calme, elle file chez le Japonais Peco Peco ou le Chinois Mitao pour un déjeuner sur le pouce.

Alfi, comme de nombreux commerçants, admet que les affaires se sont durcies, surtout depuis le Covid. « Les gens consomment autrement et avec l’inflation, ils font des arbitrages. » Face au rouleau compresseur des grosses enseignes en ligne, elle nous rappelle qu’il est essentiel de soutenir les petits commerces qui sont l’âme de nos rues.