Entre deux avions, le dessinateur de presse iranien Kianoush posait ses crayons dans le 9e à la galerie Art-Maniak à l’occasion du vernissage de l’exposition qui lui est consacrée.
Touché de retrouver des visages qui depuis le début de son exil l’ont soutenu, l’artiste était heureux de présenter à Paris, la ville qui l’a accueilli, une sélection de ses dessins originaux tirés sur beau papier et parus dans la presse française et étrangère.
« Chacune de mes caricatures est un acte militant, une bataille livrée pour défendre la liberté d’expression et une critique de tous les obscurantismes et fanatismes » nous livre l’artiste.
Un combat qui commence très tôt lorsque son père, opposé au régime, meurt en prison. Pour le jeune homme de 16 ans en colère, le dessin de presse sera d’abord un exutoire. Jusqu’à cette nuit de 2009, où craignant pour sa vie, il quitte brutalement son pays, laissant tout derrière lui.
Le dessin pour questionner
Depuis la Finlande où il réside désormais, le dessinateur de presse soutient et relaye les révoltes des femmes et de la jeunesse iranienne « Cette génération est plus courageuse que la nôtre, admet-il. Nous pensions que le régime pouvait changer de l’intérieur. »
Sans texte, à l’aide de textures hachurées, quelques touches de couleur (du rouge sur le nez des Mollahs en mauvaise posture…) et l’utilisation de symboles forts, « pour que chacun puisse comprendre », Kianoush cherche à faire surgir le questionnement. C’est parfois dur, mais ça tombe juste. « J’aime provoquer mais l’objectif est que chacun se fasse son opinion. »
Le dessinateur de presse iranien Kianoush lors du vernissage de son exposition "Du Balai !" à la galerie Art-Maniak
"Révolution" - Technique mixte sur papier.
"La liberté" - technique mixte sur papier.
"Résistance" - Technique mixte sur papier - dessin réalisé en hommage aux attentats parisiens.
La figure du Petit Prince, écharpe au vent, tel un alter ego, apparaît dans une série de dessins, apportant un peu de douceur et d’espoir à un monde qui ne tourne pas rond.
Celui qui chaque lundi transmet sa chronique, coup de griffe sur l’actualité internationale, au journal La Croix, soutient une centaine de caricaturistes en exil à travers son association United Sketches dont le siège est à Caen.
Se présentant volontiers comme « une femme avec un barbe », ce féministe convaincu se bat pour que la part de ses consœurs, moins de 5%, augmente sérieusement.
Frédérique Chapuis
"Du balai !" -Technique mixte sur papier.
Galerie Art-Maniak, 10 rue de la Grange-Batelière, Paris 9.
Exposition » Kianoush Ramezani : Du Balai ! «
Jusqu’au 26 octobre 2024.