Poursuivant son travail de "self hybridation", ORLAN expose à la galerie Artivistas. De grands formats numériques mêlant statuaire Maya et visage de l'artiste.
« Mon nom s’écrit en lettre capitale car je ne veux pas que l’on me fasse rentrer dans les rangs. Je ne veux pas que l’on me fasse rentrer dans la ligne. Mon nom fait partie de mon œuvre », ORLAN a l’art de la punchline.
Volontiers provocatrice, l’artiste pionnière du body art qui a désigné son corps comme « le lieu du débat public » ne cesse d’interroger la représentation et le statut du corps humain, en particulier celui de la femme.
L’exposition que lui consacre la galerie Artivistas présente de très grands formats réalisés en 2022 sur invitation du Grand Musée du Monde Maya de Mérida au Mexique.
ORLAN explose les codes et les genres
À partir de photos numériques de sculptures mayas, elle mélange son propre visage et propose ainsi un autre modèle, ses « Self- hybridations », à des âges différents.
Féministe engagée, explorant les canons de beauté des cultures traditionnelles, qu’elles soient africaines, égyptiennes ou précolombiennes, ORLAN n’hésite pas à faire siens, les attributs masculins des grands chefs ; coiffe, ornements et autres colliers de griffes de tigre.
Les grands formats d'ORLAN se jouent des genres avec des statues Maya féminisées.
Une femme Maya conquérante pourvue des attributs guerriers masculins.
ORLAN entourée, à droite de Paula Forteza, fondatrice de la galerie Artivistas et de Leïla Voight, curatrice, qui a invité ORLAN au Gran Museo del Mundo Maya de Mérida (Mexique)
Sur le front de cette créature irrévérencieuse, on retrouve les deux prothèses qu'ORLAN s'est fait poser dans les années 90.
S’emparant des nouvelles technologies, ORLAN a très tôt exploré toutes les possibilités offertes par le numérique, de la réalité augmentée jusqu’à la biotechnologie avec une installation réalisée à partir de ses propres cellules combinées à d’autres souches humaines et animales.
Son manifeste de « l’art charnel » est suivi d’une série de neuf opérations chirurgicales mises en scène de 1990 à 1993.
Le bloc opératoire devient atelier d’artiste où ORLAN, toujours consciente, lit des textes choisis de Jacques Lacan, Antonin Artaud, Julia Kristeva, Michel Serres, alors qu’elle est photographiée et filmée, certaines de ses performances sont retransmises en direct.
La démarche artistique d’ORLAN dérange, questionne et ne laisse jamais indifférent. C’est certainement ce que l’on attend d’un.e véritable artiste.
Frédérique Chapuis
Galerie Artivistas, 35 rue Blanche, Paris 9.
Exposition « ORLAN-MAYA », du 14 au 28 avril.
Horaires : du mardi au samedi, de 10h à 19h.
Dimanche : de 11h à 18h.