Plusieurs églises de la capitale ont été victimes de vandalisme depuis le début de l’année. Le 8 mars, ce fut le tour de Notre-Dame-de-Lorette. L’un de ses tableaux, une représentation de Thérèse d’Avila, a subi les foudres d’un individu arrêté deux jours plus tard.
La peinture représentant Thérèse d’Avila, religieuse espagnole (1515 – 1582) réformatrice et canonisée, date de 1836 et est signé Henri de Caisne. Le peintre originaire de Belgique la représente dans sa jeunesse avec son habit de carmélite. La commande vise à orner une chapelle latérale de l’église en train de sortir de terre. Une œuvre d’art, « la plus belle toile de l’église » glisse, attristé, le curé de la paroisse, le père Pascal Genin.
Rappel des faits
Le mercredi 8 mars, vers midi, un individu pénètre dans l’église. Il est aussitôt reconnu par Wassim, le sacristain attaché à l’église depuis cinq bonnes années. En effet, la photo de cet homme circule sur le groupe WhatsApp des sacristains, pour des faits de vandalisme au sein de plusieurs édifices religieux.
Le Syrien, loué par le père Pascal Genin, « un bon gars, méritant et dévoué » tente de s’interposer, protège dans un premier temps la statue de la Vierge. Un Prie-Dieu vole et se fracasse. L’intrus s’empare d’une partie du meuble liturgique cassé et s’en prend au tableau, lui assenant plusieurs coups de bâton.
Sainte Thérèse d’Avila est désormais déchirée à quatre endroits. Le père se désole. « Ce tableau venait de passer en atelier de restauration. Un travail qui a coûté 10 000 euros à la paroisse ». Choqué en apprenant la nouvelle, l’homme de foi est resté sans voix devant le tableau outragé. Il a porté plainte au commissariat du 9e.
Le sacristain courageux a réussi à limiter la casse. « Sans Wassim, l’individu aurait pu faire beaucoup plus de dégâts. Il ne s’agit pas d’un déséquilibré. Il est conscient de ses actes » ajoute le curé.
Le même jour, vers 14 heures, la police reçoit le signalement d’un individu similaire qui s’est introduit dans l’église Saint-Augustin, dans le 8e pour dégrader une statue. L’homme, soupçonné d’être l’auteur des deux délits, et peut-être d’autres encore, est arrêté deux jours plus tard.
Le tableau très endommagé a suscité l'émotion des paroissiens et des amoureux du 9e
Le tableau venait de faire l'objet d'une restauration aux frais de la paroisse
Le tableau reste à sa place en attendant une restauration de la ville mais pour quand ?
Derrière une façade néo-classique, l'église cache des peintures murales colorées exceptionnelles
Une quinzaine d’églises ciblées
Depuis le début de l’année, plusieurs églises parisiennes ont subi des actes de vandalisme et des tentatives d’incendie. D’où une question. Faut-il installer des caméras de surveillance ? poster un policier devant chaque lieu de culte ?
La mairie de Paris, propriétaire de 85 églises, associée au diocèse, réfléchit à des mesures de protection, d’autant que les vols et cambriolages se sont multipliés.
Ainsi, Le Parisien fait état d’un autre fait hors du commun. Le 19 mars dernier, un homme sort de l’église Saint-Hippolyte, avenue de Choisy (13e), portant une croix de deux mètres sur le dos. Ni vu ni connu. Filmé par des caméras de vidéo-surveillance, il est appréhendé dès le lendemain, sur les lieux mêmes de son forfait précise le quotidien.
Face à ces attaques, la Ville a décidé de porter plainte et des enquêtes ont été ouvertes pour faire toute la lumière sur ces faits, très mal vécus par les paroissiens.
De son côté, le curé de Notre-Dame-de-Lorette s’interroge. « Pourquoi personne n’a bougé depuis le début de l’année alors que les mêmes faits se sont produits à plusieurs reprises ? et d’ajouter C’est le même mode opératoire. L’homme, au vu et au sus de tous, vandalise, profère des insultes et disparaît. »
Monsieur le curé a souhaité conserver le tableau accroché, accompagné d’un petit cartel « Tableau vandalisé le 8 mars 2023 », une information à destination des paroissiens et des visiteurs. « Tant pis. Il reste ici. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de sollicitation de la ville de Paris pour la prise en charge d’une nouvelle restauration » précise-t-il.
En ce dimanche soir, les fidèles assistent à la messe sous le regard abimé de Thérèse d’Avila. Son beau visage, malgré les coups assénés, respire le calme et la sérénité.
Frédérique Chapuis
👉Pour en savoir plus sur l’église et son environnement socio-culturel sous la Restauration, filez écouter la conférence animée par Michel Güet et Françoise Tomasini.
Rendez-vous le 23 mars à 20h30 au 8, rue Choron.
👉Pour plus de détails sur la décoration intérieure de l’église, une conférence est prévue courant 2023 avec Pauline Duée, conservatrice du patrimoine à la COARC (Conservation des Œuvres d’Art Religieuses et Civiles) de la Ville de Paris.