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Ce 2 avril 2023, Serge Gainsbourg ((1928 - 1991) aurait eu 95 ans. C'est l'occasion pour Le nouveau Neuf de revenir sur les liens que l'artiste a entretenu toute sa vie avec notre arrondissement.

L'enfant Ginsburg

En 1932, la famille du petit Lucien Ginsburg quitte le 20e pour emménager au 11bis, rue Chaptal dans un trois pièces cuisine. Lucien est alors âgé de quatre ans. Il grandit dans le quartier en compagnie de ses deux sœurs aînées.

Joseph, son père, juif immigré russe, est pianiste et peut exercer son activité dans les nombreux établissements du quartier. Sa mère, Olga, est chanteuse.

Une plaque commémorative a été posée en 2016 par la maire Delphine Bürkli sur la façade de l’immeuble.
L’enfant n’a qu’à traverser la rue pour se rendre à l’école maternelle Chaptal.

De 1934 à 1939, Lucien est élève à l’école communale de la rue Blanche. Sa soeur Jacqueline raconte à Paris Match en 1991 : « Serge chapardait de la petite monnaie dans le sac de ma mère pour acheter des bonbons et du Zan à l’épicerie Au goût délice, qui se trouvait à côté de son école. Ma mère faisait semblant de ne pas s’en apercevoir. »

Comme de nombreux camarades d’école, le jeune Lucien aime à s’attarder au square de La Trinité, jouer au ballon et faire voguer son bateau dans le bassin central.

« À la maison, il y avait une ambiance artistique. Mon père allait aux expositions de la salle Drouot et rêvait devant les tableaux. On nous a mis à la musique très jeunes, vers 5 ou 6 ans. Quand nous rentrions de l’école, nous devions faire au moins une heure de piano par jour » se souvient sa sœur Jacqueline.

Au restaurant-bar L’Annexe, de la rue Chaptal, l’une des grandes voix de la chanson réaliste, la chanteuse Fréhel lui paye un diabolo-grenadine. « Un jour, je reviens de l’école communale, avec la croix d’honneur. Et Fréhel est là. Elle me passe la main dans les cheveux et elle me dit : ‘Toi, t’es un bon petit gars, t’as été bon à l’école, viens, je t’emmène au bistrot ”, racontait l’interprète du Poinçonneur des Lilas. L’Annexe est resté dans son jus depuis le passage du chanteur.

Photo de Serge Gainsbourg en 1934

L'écolier Lucien Ginsburg, en 1934, âgé de six ans. © Hulton Archive/Getty Images

Des débuts chaotiques

Le jeune homme, autrefois bon élève, poursuit une scolarité désordonnée au collège Condorcet jusqu’à la guerre. Portant l’étoile jaune,  – la légende veut que se soit Lucien qui ait été récupérer les « Yellow Stars » au commissariat de la rue Chauchat, la famille passe en zone libre et se réfugie en 1943 à Limoges.
En mars 45, à 17 ans, le jeune homme abandonne ses études au lycée Condorcet de la rue du Havre pour se consacrer à la peinture. Il finit par se tourner vers la musique, un art qu’il considère comme mineur, et fait ses timides premiers pas comme chanteur rue des Martyrs.

Dès 1954, il dépose ses premiers titres à la Sacem, d’abord sous son nom (Lucien Ginsburg), puis sous le pseudonyme de Julien Gris évoluant en Julien Grix, puis, à partir d’avril 1957, sous le pseudonyme définitif de Serge Gainsbourg. Dès 1966, il fréquente le Bus Palladium.

Dès 1954, il dépose ses premiers titres à la Sacem sous son nom, puis sous le pseudonyme de Julien Gris, évoluant en Julien Grix, puis, à partir d’avril 1957, sous son pseudonyme définitif de Serge Gainsbourg – selon les récits, pour rappeler ses origines russes ou en référence au peintre Gainsborough, qu’il admire.

Plaque en hommage à Serge Gainsbourg qui a habité dans cet immeuble du 11 Bis rue Chaptal, dans le 9e, toute son enfance

Une plaque commémorative a été posée en 2016 sur la façade du 11 bis rue Chaptal.

Façade du 11 rue Chaptal, Paris 9.

À 50 mètres du domicile familial, le bar L'Annexe dans lequel Fréhel offrit une boisson au petit Lucien pour ses bons résultats scolaires

L'artiste dans le 9e

Billet du concert de Gainsbourg au Palace en 1979
Disque Live de Gainsbourg au Palace

En décembre 1979, le musicien répète pour son prochain concert au Palace, rue du Faubourg Montmartre. Après quinze ans d’absence, Gainsbarre, lunettes noires et veste militaire, aborde sa période reggae et trouve grâce aux oreilles d’un public plus jeune. Le concert fera l’objet d’un album live devenu culte, ressorti en 2020 dans une nouvelle version.

Noctambule, Serge collectionne les autographes de personnalités et les cartes de membre des clubs et établissements qu’il fréquente assidûment. Dans l’exposition « Gainsbourg, le mot exact » que lui consacre Beaubourg, les cartes du Consul Club, rue Scribe, du Disc Jockey, rue de Provence ou encore du Privilège, le restaurant-discothèque au sous-sol du Palace sont en bonne place.

En 1981, Gainsbourg aura sa statue de cire au musée Grévin. Il y est représenté avec ses Repettos, ses cernes et son paquet de Gitanes, accoudé au bar, en grande conversation avec l’écrivain américain Ernest Hemingway, dont il aimait reprendre l’aphorisme : « L’alcool conserve les fruits, la fumée, les viandes ».

En 1985, il revient dans le 9e, à quelques pas des lieux de son enfance, sur la scène mythique du Casino de Paris pour l’occasion équipée d’un gigantesque escalier lumineux.

Reste que Serge Gainsbourg fut l’un des rares artistes français à ne pas avoir foulé la scène de L’Olympia.

En ce début d’année 2023, on a pu le retrouver dans l’exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou (Serge Gainsbourg, le mot exact).

La Maison Gainsbourg au 5 bis et 14 rue de Verneuil, (7e) dont l’ouverture a été mainte fois reportée, a ouvert le 20 septembre 2023. 

Frédérique Chapuis