Le célèbre journaliste et écrivain Albert Londres, né à Vichy, a vécu dans le 9e arrondissement au 55 rue Rodier. Une plaque en mémoire de cet homme engagé sera dévoilée ce 13 décembre alors que 2023 marque les 90 ans du prix qui porte son nom.
Albert Londres (1884-1932) était un fidèle du 9e. Né à Vichy dans l’Allier, il demeure de 1906 à 1914 au 55 de la rue Rodier auprès de sa mère et de sa fille Florise.
Il réside à l’hôtel de l’Univers, cité Bergère en 1903. Entre deux reportages au long cours, il séjourne en 1918 à l’hôtel du “Petit Journal”, 61 rue Lafayette, puis au 16 rue de Douai, à proximité des grands journaux pour lesquels il écrit.
Aventurier, visionnaire et humaniste, dans “La Presse”, “le Matin”, “le Petit Journal”, le “Quotidien” et “le Petit Parisien”, il rend compte et dénonce les atrocités de la guerre de 14 sur le front de la Marne ou aux Dardanelles.
Il écrit sur l’exploitation des coureurs cyclistes, les asiles d’aliénés, la colonisation et ses ravages au Congo. Il révèle l’enfer du bataillon disciplinaire de Biribi et celui du bagne de Cayenne, dont il obtiendra à terme la disparition, par Albert Lebrun en 1938.
Ses reportages interrogent les marges du monde, les zones d’ombre. Dialoguant avec les petits, les médiocres, il investit le quotidien, sait mettre en scène des situations, places les témoins au cœur de ses récits, afin d’informer et de sensibiliser l’opinion. Refusant les compromis, il répond à l’éditorialiste du Quotidien qui lui reproche de n’être pas dans la ligne du journal : « Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connait qu’une seule ligne, celle du chemin de fer. »
Albert Londres, un journalisme de terrain qui met la société française de l'époque face à ses contradictions.
Un journalisme intransigeant
Le grand reporter avait une devise, « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».
Celui que l’on surnommait « Le prince des reporters » périt au large du golfe d’Aden le 16 mai 1932, dans l’incendie et naufrage du paquebot “Georges Philippar”. Avec lui disparaît un reportage qu’il affirmait explosif et dont le sujet demeure encore aujourd’hui une énigme.
Par la qualité de son écriture et le choix de ses sujets, Albert Londres a marqué durablement les membres d’une profession dont il est devenu l’un des plus grands représentants.
Un an après sa disparition, sur proposition de sa fille Florise et de trois journalistes, sera créé le prix Albert-Londres qui récompense les meilleurs grands reporters de presse francophones de l’année. Une nouvelle catégorie « documentaire audiovisuel » est créée en 1985, suivie d’une catégorie livre en 2017.
👉Pour aller plus loin : » Albert Londres, Vie et mort d’un grand reporter 1884 – 1932 » de Pierre Assouline (éd. Gallimard).
👉 Archives INA Sujet JT Reims
Michel Güet
« En voguant vers la Guyane », une du Petit Parisien, 8 août 1923. Cette série sur le bagne de Cayenne marque un tournant dans la carrière d'Albert Londres qui s'oriente désormais vers le reportage social.
Cérémonie de dévoilement de la plaque hommage en présence de Nicolas Cour, conseiller d'arrondissement du 9e, Michel Güet, guide du patrimoine du 9e, Hervé Brusini, pdt du prix Albert Londres et trois lauréats du prix Albert-Londres dont Taha Saddiqui, responsable aujourd'hui du bar "The Dissident Club", rue Rodier.
Plaque hommage à Albert Londres prochainement installée au 55 rue Rodier.