Derrière Taloujazz, il y a Chantal qui habite le 9e depuis plus de vingt ans. Arrivée rue Milton en 2000, elle n’a plus quitté son appart. Son fils a fait toutes les écoles du quartier, de la maternelle au lycée. Guitariste autodidacte, elle écrit aussi. Son récit fait l’objet d’un spectacle dans lequel la musique joue un rôle essentiel. Elle me reçoit dans son salon et me gratifie de quelques accords.
Le Nouveau Neuf : Taloujazz, qui es-tu ?
Taloujazz : « Je suis maman d’un grand garçon de 21 ans, qui comme moi, est très attaché à son quartier. Je suis assistante de direction dans un cabinet de juristes très bienveillants. Un poste qui me laisse du temps pour mes deux passions : l’écriture et la musique. »
LNN : Comment définirais-tu le 9ème en quelques adjectifs ?
Taloujazz : « Mon 9e est musical, bohème et folklo. Lorsque je suis arrivée dans le quartier, j’étais constamment fourrée rue de Douai et Victor Massé. J’essayais de nouveaux modèles chez Centrale Guitars, c’était un peu ma deuxième maison. J’ai rencontré de nombreux guitaristes dans ce quartier. Les échanges étaient toujours très intéressants et j’ai énormément appris à leur contact. Autodidacte, je suis passée du clavier à la guitare à l’âge de 30 ans.
Enfin, il y a ici un côté fashion week. On peut croiser des gens aux tenues improbables et c’est bien. »
LNN : As-tu vu des changements importants au niveau de l’arrondissement ?
Taloujazz : « Pas vraiment. Je suis arrivée en 2000 et le quartier était déjà gentrifié avec peu de mixité sociale. Il y avait malgré tout encore des dealers qui traînaient avenue Trudaine, un mélange des genres assez cocasse. Des magasins ouvrent et ferment mais comme de partout. Depuis longtemps, les gardiennes d’immeubles ont disparu, mais j’ai connu des personnes âgées qui se rappelaient les charrettes de légumes rue des Martyrs. »
LNN : À quoi es-tu attachée dans ce quartier ?
Taloujazz : « À l’esprit du lieu et aux petits commerces de proximité. On a du choix. Je connais plein de commerçants comme le bijoutier Joseph du bas de la rue des Martyrs qui donnait des bonbons à mon fils et me demande toujours de ses nouvelles. La boucherie Chapier aussi. »
LNN : Ce que tu aimes le moins dans le 9e ?
Taloujazz : « Les prix. Les prix complètement fous des fruits et légumes rue des Martyrs et la saleté générale. C’est loin d’être aussi propre que dans d’autres arrondissements. »
Taloujazz à la guitare
LNN : Tu joues dans le quartier ?
Taloujazz :« Pendant deux ans, j’ai fait partie d’une association rue des Martyrs. On jouait ensemble et l’on s’est produit plusieurs fois en concert. J’ai également joué pour le restaurant Gustave, place Toudouze. C’était un répertoire assez groove et funk et j’ai beaucoup apprécié. On progresse énormément face au public. »
LNN : Quelques mots sur ton spectacle « Suspicious Minds » au Guichet Montparnasse ?
Taloujazz : « Je ne sais pas écrire des chansons alors j’ai écrit un texte personnel, celui de deux destins croisés, entre Elvis, la légende du rock et la narratrice qui revient sur son enfance et la découverte d’un secret de famille. Ce récit je l’ai adapté pour la scène. L’actrice Claire Puygrenier joue et je l’accompagne à la guitare, le tout est mis en scène par François Podetti.
L’ensemble est rythmé, un mélange d’époques et de lieux, les États-Unis et la France, les années 50/60 et les années 80. J’ai mis deux ans pour monter ce spectacle et je suis fière de pouvoir enfin le présenter. »
Tes bonnes adresses du 9 ?
Taloujazz : « Boire un verre au Café Marguerite, déguster un bon cocktail au Smiley, rue des Martyrs.
Le Corso, avenue Trudaine pour dîner.
J’achète mes viennoiserie et mon pain chez Arnaud Delmontel.
Avec mon fils, on adore les petits choux Popelini à la crème, une bonne idée cadeau quand on est invités pour dîner.
Enfin, pour un spectacle d’humour, le Théâtre Le Lieu, rue de Trévise, c’est une amie comédienne qui m’a fait connaître l’endroit. »
Propos recueillis par Frédérique Chapuis.
Théâtre Le Guichet Montparnasse
Suspicious Minds
À partir du 1er Mars 2024
Vendredi et samedi à 19h.
