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Hautement symbolique, la dénomination des rues et espaces publics est l’occasion de rendre hommage à des personnes célèbres. Les femmes y sont peu présentes même si un effort est fait depuis une vingtaine d’années. La proportion de voies parisiennes portant le nom d’une femme atteint près de 15 % aujourd’hui, contre 6 % au début des années 2000, selon la Ville de Paris. Éclairage sur le 9e.

Le changement est en marche depuis une vingtaine d’années mais il reste encore de gros efforts à fournir afin d’améliorer la parité à propos de la dénomination des  voies et des lieux publics.
Ainsi, des plaques de rue où était seulement mentionné le nom de famille ont retrouvé leur prénom.

Le cas des abbesses de Montmartre

Dans le 9ème arrondissement, on a vu fleurir de nouvelles plaques et découvrir par exemple que la rue et le boulevard Rochechouart faisaient référence à une femme (Marguerite), tout comme la rue de la Tour d’Auvergne (Louise-Emilie) et la rue Bellefond (Marie-Éléonore), toutes trois abbesses de Montmartre. Les conseils d’arrondissement et le Conseil de Paris ont également adopté ce principe pour la rue Catherine de La Rochefoucauld en 2020. Plus au sud, la rue de la Tour-Des-Dames fait référence aux religieuses.

Plaque de rue Impasse Louise-Émilie de la Tour d'Auvergne

L'abbesse a retrouvé son prénom ajouté en 2019 à l'impasse et la rue qui porte son patronyme.

La nouvelle plaque rue Claude Rodier en hommage à la résistante méconnue

En 2024, la rue Rodier était rebaptisée rue Claude Rodier en hommage à la résistante méconnue.

Associer un prénom, changer de dénomination

Autre procédé afin d’accélérer la féminisation de l’espace public mis en place par la ville de Paris : ajouter des prénoms à des patronymes existants. Ainsi, Claude Rodier, agrégée en sciences physique et figure méconnue de la résistance qui mourut à Ravensbrück, donna son nom en 2024 à la rue Rodier qui faisait référence au propriétaire historique de la voie.
Une petit subterfuge qui permet de mettre en avant des femmes illustres tout en passant outre les démarches contraignantes et les inconvénients pour les habitants de la voie publique.
Toujours en 2024, l’école polyvalente publique située rue Buffault pris le nom de Madeleine Pauliac  (1912 – 1946) femme résistante et pédiatre. Conformément au souhait exprimé par le Conseil du 9e, la Ville de Paris délibère en ce sens.
Un bel hommage à l’humanisme et à l’engagement de Madeleine Pauliac au sein de la Croix Rouge, de l’Escadron bleu et au service de religieuses victimes de viols. Ce changement de dénomination a fait l’objet de discussions avec les équipes pédagogiques de l’école.

Plaque de la place Juliette Drouet, Paris 9

La comédienne Juliette Drouet emménage en 1871 au 55 rue Pigalle où Victor Hugo la rejoint à la fin de l’année 1873.

Plaque du nom de la Place Lili et Nadia Boulanger.

Le prénom de Nadia a rejoint celui de sa sœur Lili en 2001 sur la nomenclature de la place, où toutes deux vécurent.

Plaque en hommage à Liliane Klein-Lieber, résistante qui sauva plusieurs enfants juifs.

En 2021, une plaque a été posée au 8 square Moncey, en hommage à la résistante Liliane Klein-Lieber, Chevalier de la Légion d’honneur.

De Juliette Drouet à Liliane Klein-Lieber dite "Luciole".

Quelques plaques rappellent la présence de femmes illustres dans le quartier. On retrouve ainsi la présence de Joséphine Baker au 40 rue Fontaine. La comédienne et professeur Lise Delamare habitait au 75 rue Blanche. Patrick Chesnais, Nicole Garcia, Sabine Azéma, Francis Huster, Daniel Auteuil, ou encore Didier Bourdon lui doivent leur formation théâtrale.
Au 8 square Moncey, est rendu hommage à Liliane Klein-Lieber, résistante dite « Luciole » qui sauva de nombreux enfants juifs.
En 2013, une plaque commémorative au 25 de la rue Victor Massé rappelle la présence de la marchande d’art Berthe Weill qui avait ouvert sa première galerie en 1901. Un lieu qui a lancé des artistes majeurs du vingtième siècle, tels que Dufy, Derain, Braque, Utrillo, Valadon et Laurencin, chez les femmes.
En 2019, la bibliothèque Chaptal qui fait partie des 5 pôles sourds du réseau parisien, devient bibliothèque Louise Walser-Gaillard, un hommage à celle que l’on surnommait la « Jeanne d’Arc des sourds-muets ».
Enfin, si dès 1970, la compositrice Lili Boulanger née dans le 9e,  a sa place, le nom de sa sœur Nadia, grande pédagogue, sera ajouté en 2001.

On compulsant l’excellente carte interactive disponible sur le site de la Ville de Paris, on recense 26 noms de femmes attribués à des voies publiques, jardins, équipements et plaques dans le 9e sur les 126 rues, 9 boulevards, 4 avenues, 24 places, 7 passages, 12 cités et 13 squares que compte l’arrondissement.

Frédérique Chapuis

Pour aller plus loin : Consulter Mémori.elles
 la carte éditée par la Ville de Paris

Plaque en mémoire de Lise Delamare, comédienne, au 75 rue Blanche. Paris 9.

Au 75 rue Blanche, une plaque en l'honneur de la comédienne Lise Delamare est posée en 2011.