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Ce 12 janvier, la cérémonie d’hommage aux victimes de l'explosion de la rue de Trévise fut aussi l’occasion de pointer du doigt les lenteurs administratives et judiciaires pour indemniser les victimes.

Quatre ans après le drame, les victimes et familles des victimes attendent toujours leur indemnisation à hauteur de leurs préjudices. Un blocage que n’ont pas manqué de relever les deux associations Trévise Ensemble et VRET (Victimes et rescapés de l’explosion de la rue de Trévise ) qui recensent quelque 400 victimes.
L’explosion au gaz survenue le 12 janvier 2019 au 6 rue de Trévise a fait quatre morts, 44 blessés et des dizaines de familles sinistrées qui n’ont toujours pas regagné leur domicile. 

Dominique Paris, présidente de l'association Trévise Ensemble

Dominique Paris, présidente de l'association Trévise Ensemble

Linda Azouar, président de l'association VRET

Linda Zaouar, ancienne directrice de l'hôtel Mercure et présidente de l'association VRET

Un espoir déçu

Si la situation semblait s’être débloquée avec la signature, arrachée de haute lutte, de l’accord-cadre en janvier 2022 permettant la mise en place du processus d’indemnisation sans attendre le procès pénal, un an plus tard, le constat des associations est implacable.
Nous avons l’impression d’être revenus au point de départ” regrette Dominique Paris, présidente de Trévise Ensemble. À ce jour, douze victimes sur les cent quatre vingt dix signataires de l’accord ont été indemnisées à hauteur d’environ 115 000 euros au total, bien loin des vingt millions d’euros débloqués par la ville de Paris, une somme entre les mains de l’expert en sinistres Sedgwick, chargé de sa répartition équitable.
Nous sommes considérés comme des dossiers. Nos interlocuteurs en oublient l’aspect humain” s’insurge Linda Zaouar, présidente de l’association VRET. 

La maire du 9ème arrondissement de Paris, Mme Delphine Bürkli

Delphine Bürkli, maire du 9ème arrondissement de Paris

Victimes de la rue de Trévise

Des victimes mécontentes qui le font savoir

La mairie du 9ème aux côtés des victimes

En prenant la parole, la maire du 9ème arrondissement, Delphine Bürkli, a tout d’abord salué la mémoire des quatre disparus, les deux sapeurs-pompiers,  Nathanaël et Simon, Adèle, infirmière et Laura, touriste espagnole. Elle a également souhaité rappeler qu’Inès, se trouvait à cet instant en salle d’opération, afin de récupérer l’usage de ses jambes.
S’adressant aux victimes et aux deux associations qui venaient de prendre la parole, elle a déclaré  “être traversée par ces mêmes sentiments : lenteur, tracasserie administrative, pinaillage bureaucratique des compagnies d’assurance, et une rue toujours accompagnée de la poussière et du bruit pour seul horizon”.
Derrière la palissade qui protège l’immeuble sinistré, le temps paraît comme suspendu. 

Dans son discours, Madame Bürkli a fait référence au dernier comité local d’aide aux victimes parisien (CLAV) et aux mots du Préfet de région Marc Guillaume, “que chacun prenne ses responsabilités”. Ce dernier, manifestement agacé par les lenteurs administratives, a appelé à la mise en œuvre de l’accord-cadre d’indemnisation dans un esprit de rapidité et de prise en compte de la situation des victimes.

Des assureurs qui ne jouent pas le jeu

Interrogée par France 3 Ile-de-France, Sophie Seco, la directrice de la Fédération nationale des victimes des attentats et accidents collectifs, espère que ce vœu collectif soit suivi, et forme une sorte de pression sur les assureurs pour qu’ils tiennent leurs engagements. Au final, on a arraché cet accord-cadre et on se rend compte que les assureurs ne jouent pas le jeu.
Dans le viseur des associations et des victimes, les assureurs qui jouent la montre et la Mairie de Paris, mise en cause par les experts mandatés du tribunal de Paris qui rendaient leurs conclusions en décembre 2019. 

Des victimes dignes mais en colère

Parmi les victimes présentes, Luis-Miguel, citoyen espagnol résidant à Tolède, qui revenait pour la première fois sur le lieu du drame. Le 12 janvier 2019, il profitait avec sa femme d’une escapade en amoureux et séjournait au Mercure de la rue de Trévise.
L’explosion a soufflé la chambre. Laura est décédée sur le coup, laissant derrière elle trois orphelins. Luis-Miguel souffre de douleurs importantes aux cervicales, n’a pas repris le travail et se sent abandonné par la France.
Angela, Italienne, travaillait à l’hôtel. Celle qui se destinait à une carrière de danseuse attend une neuvième opération de la jambe avec un risque d’amputation. “Je veux vivre malgré tout ça. Je ne peux pas pleurer tout le temps” lance-t-elle.
Et puis Amor, réceptionniste à l’hôtel, le bras encore en écharpe en raison d’une fracture aggravée qui n’a pas été détectée. L’homme à perdu un oeil, a subi plusieurs opérations de la face. “Je suis vivant mais je ne peux plus rien faire, plus conduire, plus travailler…” Amor devra subir une énième expertise physique ce 19 janvier afin de consolider son dossier. Egalement présent, le boulanger dont la boutique a été entièrement dévastée, et qui est incapable de retravailler. 

Angela, victime de l'explosion de la rue de Trévise

Angela attend une possible opération de sa jambe pour retrouver l'usage de sa cheville

Amor Ben Taziri, victime de l'explosion de la rue de Trévise

Amor, blessé à plusieurs endroits, loue le travail de Linda Azouar, association VRET

Tous sont reconnaissants du travail exceptionnel réalisé par la mairie du 9ème et les associations de victimes.
Tous ont vu leur vie basculer en quelques secondes. Traumatisés psychologiquement, très affaiblis physiquement, ils continuent de se battre avec dignité et détermination, se serrant les coudes.
La mairie de Paris, mise en en examen, tout comme le syndic de l’immeuble, ont demandé une contre-expertise. Les résultats attendus en novembre dernier, ont été repoussés au 28 février prochain.