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Après le centre Pompidou en 2022, la galerie Artivistas met en lumière l’œuvre de l’artiste pluridisciplinaire argentin León Ferrari, à la fois inventif et subversif.

Portrait en noir et blanc de l'artiste argentin Leon Ferrari.

León Ferrari, sculpteur, dessinateur, peintre, artiste conceptuel (1920 - 2013)

C’est un artiste qui voulait abolir le Jugement dernier et par là-même l’Enfer. En 1997, il écrit une lettre au pape le pressant d’interférer en ce sens auprès de Dieu. L’histoire ne dit pas si León Ferrari a reçu une réponse de la Curie romaine mais à l’époque, en Argentine, son geste fait grand bruit. Il en tire une magnifique lithographie « Primera carta al papa », visible à la galerie Artivistas, lieu d’une nouvelle exposition « Multitudes » dédiée à l’artiste argentin, décédé en 2013 à Buenos Aires.

Cet anticlérical notoire n’en était pas à son premier fait d’arme. On peut le découvrir avec cet autre grand classique de l’artiste, “La Civilización Occidental y Cristiana” datant de 1965 où le Christ se retrouve crucifié sur un bombardier américain, critique directe de l’agression américaine au Vietnam. L’installation sera couronnée d’un Lion d’or à la Biennale de Venise 2007.

Son travail exposé est vandalisé, retiré et déclenche des débats de société, auxquels Ferrari a activement participé à travers de multiples écrits.

Artiste autodidacte, ingénieur de formation, ardent défenseur d’un art démocratisé, fuyant les cases et les courants, Ferrari a choisi la liberté, aux heures les plus sombres de la dictature argentine, s’exilant en 1976 au Brésil, suite à l’enlèvement et la disparition de son fils.

Installation de Leon Ferrari représentant des figures de saints dans une poêle à frire et dans un mixeur.

León Ferrari, Infierno, série Ideas for Infiernos, 2000, partie de l'installation "error de Dios".

oeuvre de Léon Ferrari représentant un christ crucifié sur un bomber américain.

León Ferrari, "La Civilización Occidental y Cristiana”, 1965

« Primera carta al papa », une lithographie de Léon Ferrari, 1997.

León Ferrari, "Primera carta al papa", 1997.

Une critique du monde libéral

Sur les murs de la galerie, l’accent est mis sur une série d’héliographies, sérigraphies et de lithographies exécutées durant ses années brésiliennes. Travaillant de nouvelles techniques, Ferrari s’intéresse à la calligraphie et à la reproduction des œuvres d’art.

D’une enfance vécue dans le sillage d’un père italien architecte, il reprend les codes des plans paternels dont le système Letraset pour créer des mondes imaginaires. Des voitures, des autoroutes, des appartements par milliers, minutieusement dessinés. Et nous, misérables petits humains, perdus dans la multitude, « comme une intimation à dérailler, à retrouver le chemin de la liberté et de la créativité », ainsi l’explique Paula Forteza, fondatrice d’Artivistas.

Des œuvres réalisées sur de grands papiers, à l’époque pliés puis envoyés par la poste, favorisant ainsi un mode de circulation alternatif de l’art, on parle alors du “mail art”, en dehors de toutes institutions.

Frédérique Chapuis.

Oeuvres sur papier, technique de l'héliographie, de l'artiste León Ferrari.

Durant ses années brésiliennes, León Ferrari travaille différentes techniques dont l'héliographie.

Galerie Artivistas, 35 rue Blanche, Paris 9.
Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h, et le dimanche de 11h à 15h.
Exposition-vente jusqu’au 31 décembre 2023.