Un vieux conte berbère raconte l’histoire de Loünja, une princesse à la beauté subjuguante qui grandit parmi les odeurs d’épices et parfums d'Orient. Kahina s'est souvenu de cette légende qui court dans les rues d'Alger où elle a grandi, pour proposer la cuisine traditionnelle de son pays d'origine aux habitants du 9e.
Banquettes et coussins accueillent les affamés du quartier. À la carte, l’incontournable couscous, l’un des plats préférés des Français, vient taquiner le tajine et autres entrées à partager.
Ma camarade de jeu opte pour la rechta, un plat typique algérois, que l’on sert de l’autre côté de la Méditerranée aux grandes occasions. Composé de fines pâtes de semoule, de légumes, et complété d’un bon morceau de poulet, il est à copieusement arroser d’un bouillon de légumes.
“C’est notre plat phare. Il prend du temps à préparer” précise la patronne qui souhaite également mettre à la carte des plats à base de sardines, un poisson très consommé en Algérie. Lui remonte du passé les cris des marchands ambulants d’Alger appelant à la sardine.
À moi la chorba, une soupe réconfortante au blé vert concassé et petits morceaux de paleron de bœuf. Suit des boureks qui se révèlent étonnement croustillants. Je me régale sous l’œil du chanteur Idir et de Cheikha Remitti, la pionnière du raï. Autant de portraits animant les murs d’un endroit qui fait la part belle aux artistes et artisans algériens.
Pour saucer les plats avec gourmandise, un pain de semoule tout frais, selon une recette propre à Loünja, est confectionné chaque matin par la boulangerie Gana, située à quelques pas du restaurant.
Le mhelbi à la crème de riz accompagné d’un thé à la menthe ou d’une citronnade maison, s’imposent pour clore cette pause-déjeuner ensoleillée.
Ceux qui aiment bien s’envoyer un petit verre de vin trouveront un rouge et un rosé Koutoubia, issus des coteaux réputés de l’ouest de l’Algérie. Quelques vins français sont en commande.
Kahina, la responsable de Loünja, accueille ses clients avec le sourire.
Plat symbolique de la cuisine algéroise, la Rechta se sert au moment des fêtes religieuses et familiales.
Le bourek, plat typique algérien, réalisé à base de feuilles de bricks farcies de viande hachée.
Un bon thé à la menthe pour clore la pause-déjeuner.
Un retour à l'enfance
Le confinement fut pour Kahina un temps suspendu qui lui a permis de se remettre en cuisine, “à la grande surprise de mon mari” précise-t-elle en éclatant de rire. Elle y prend goût et son vieux rêve contrarié, l’ouverture d’un restaurant pour modestement donner du plaisir aux gens, refait surface. « J’ai toujours souhaité faire de la restauration mais mes parents avaient d’autres objectifs pour moi » note la tenancière.
Un moment qui coïncide avec un réel “ras-le-bol” suite à l’ouverture d’une énième franchise d’optique.
Après 20 ans à travailler dans les lunettes, voila que Kahina repart de zéro. Un geste libre et affranchi du regard parental.
Le local trouvé, les travaux réalisés, la déco de style mauresque installée, elle ouvre fin janvier 2024, aidée par Hassina aux fourneaux et Wahida en salle.
Elle propose désormais une cuisine appréciée au quotidien par une clientèle de bureau, d’Algériens en mal du pays, et de touristes curieux.
Tout ce monde se mixte joyeusement autour du couscous que certains trouvent « meilleurs que ceux de nos mamans » mais chut, il ne faut pas le répéter.
Couscous, de 12€ (végé) à 22€ pour le Royal, Tajine et Rechta : 15€.
Sandwichs pain semoule à emporter : merguez et poulet : 10€.
Frédérique Chapuis
Carrelage de style mauresque et grande fresque célébrant les gloires nationales algériennes, une déco mixant tradition et modernité.
Loünja, 68 rue de Clichy, Paris 9.
Ouvert du lundi au samedi, de 12h à 15h.
Vendredi et samedi soir de 18h30 à 22h.
